(ou comment je lance maladroitement le 1erprojet d’une petite série)
11 mai 2020. Un jour bizarre dans l’éternité du temps, on fissure nos cocons et on met les nez dehors.
On s’empresse de dire : doucement, attention. Rien ne sera jamais plus comme avant. Le virus n’est pas parti, il nous guette. Il attend la moindre faute pour crier victoire, nous ratatiner au fond de nos maisons, entasser les angoisses sur nos épaules, enfermer les rêves dans un bocal.
11 mai 2020 tout de même. J’ai passé la tête dehors, fébrile, j’ai respiré le vert des arbres. Je suis partie à la découverte du monde nouveau, du monde d’après. C’était le printemps. Du coup, j’ai pris des bonnes résolutions.
Les ami.e.s, vous le savez, j’ai trop de choses à dire. Les idées rebondissent sur les parois de mon cerveau et les mots se marchent dessus dans mon crâne. Alors promis, je vais arrêter de pourrir les repas de famille, de rallonger les coups de téléphone et d’avaler du shampoing en débattant avec le rideau de douche. Je vais écrire et m’assommer de mots jusqu’à ce que j’aie craché toutes les boules de poils du monde nouveau.
Parce qu’à nouveau pendant que je valsais entre cuisine et salon – et cette valse a duré deux mois-, je me suis laissé emporter par cette manie humaine de vouloir toujours tout expliquer. En bonne écolo, j’ai donc cogité sur ce petit virus. J’ai été en colère aussi, de constater, qu’en fait, ah bah si, on peut s’inquiéter d’une crise mondiale et réagir en conséquence (ou presque). J’ai aussi entendu dire qu’il fallait qu’on nous lâche la grappe avec l’écologie, parce que, comme toujours et là encore, il y a plus important à gérer.
Alors j’ai réfléchi, marmonné, j’ai écrit mes petits pavés énervés. J’ai passé du temps à penser à l’écologie, aux révolutions, à l’interconnexion des crises que nous vivons, parce qu’en plus, pour être bien relou, j’en ai fait le sujet de mon Grand Écrit à Sciences Po. Bref je me suis questionnée, comme beaucoup, je crois. Sur tout ça, mais aussi sur ma vie à moi et sur notre monde à nous. En ce qui concerne la réponse magique, l’analyse parfaite de ce qui nous arrive avec le covid, de ce qui nous attend avec l’écologie, et comment changer le monde, bien sûr, évidemment, j’ai pas trouvé. Mais j’ai trouvé des moyens de contribuer, contribuer à la révolution des corps mais aussi à celle des esprits. J’ai envie de mettre mes mains dans la terre, mais après m’y être essayée, je dois admettre que je suis plus douée avec les lettres et les phrases. Alors même si on me demande souvent « alors toi tu penses que c’est quoi, la solution ? » et que je suis incapable de répondre, j’ai pris la résolution de partager mes petits pavés énervés. Ou optimistes, ça dépendra de la suite. Même si ça vous laisse indifférent.e.s, partager quand même, parce que dans ce monde ci, mon arme à moi, ce sont mes mots. Et il est temps de sortir les armes, ou les mots.
On parle de monde nouveau ; moi ça m’inspire, parce que ça me dit bien, quand même, si jamais, un monde nouveau. Alors le moment est peut-être venu.
Souvent, dans le secret de mon salon, bien enfermée entre les portes et les fenêtres, je lisais quelques textes à mes proches : des textes bancals, pas finis et juste commencés, des textes qui ne servent à rien et dont vous vous souciez peu. Ce ne sont ni des romans, ni des essais. Pas de la poésie, mais pas du journalisme non plus. Ils encombrent mon ordi et je sais pas quoi en faire. Un jour ma mère les a appelés les « billets d’humeur » et ça m’a plu. J’ai décidé de partager mes billets d’humeur. Ce projet s’appelle « vacarme des jours », parce que le temps qui passe et fait naître les idées fait beaucoup de bruit dans ma tête. J’essaie de n’en attendre rien, et j’espère que vous ne vous attendrez pas à grand-chose.
Bref, voilà : ne vous étonnez pas de voir passer, au hasard des jours qui viennent, des réflexions étranges, des idées en l’air et des illuminations débiles, des boules de colère et des pétales de joie, des bouts de vie et des bouts du monde. Ne les jugez pas trop sévèrement, ils ne servent à rien et m’aident beaucoup. Ce que je raconte, ce sont des bouts de mon monde, avec mes lunettes à moi qui ne prétendent voir pour personne d’autre bien sûr, mon existence dans la folie de l’humanité, en toute subjectivité.
Je ne sais pas ce que deviendra ce vacarme des jours, ou s’il deviendra quelque chose, mais je le donne à celles et ceux qui voudront bien le lire.
Vous pourrez retrouver mes écrits à chaque fois qu’ils seront publiés, sur ce site qui regroupera « Vacarme des Jours » et d’autres projets qui arrivent. Après moult et moult débats, ce site s’appelle Motus et Langue Pendue. Les vrai.e.s savent que je ne suis pas entièrement satisfaite de ce nom, mais lui et moi on apprend peu à peu à s’apprivoiser. Alors je suis heureuse de vous le présenter bientôt, encore complètement en chantier, à mon image finalement.
Chaque mardi, retrouvez sur ce site un nouveau texte qui fait vacarme.