Sommes-nous déconnecté·e·s de nos racines ?

Par Une Voyageuse Heureuse

Cette saison, l’équipe de rédaction de Motus s’est étoffée. Au fil des jours, nous vous proposons donc de plonger dans les réflexions de cette génération qui navigue dans un monde bouleversé, et qui a fait du questionnement son mot d’ordre. Ces chroniques sont des points de vue sur le monde, elles reflètent donc la subjectivité de leurs auteurs et autrices. Elles se veulent intimes, pour regarder les grandes questions par le petit trou de la serrure. Sans compromis, elles vous entraînent dans les pensées de la jeunesse d’aujourd’hui, celle qui repeint l’époque à son image.

Aujourd’hui, on part en voyage avec Une Voyageuse Heureuse.

François Huet est le créateur de (X)pérentiel, le podcast du tourisme positif, pour un tourisme respectueux de la planète et du vivant. Dans l’épisode 95, il accueille Frederika Van Ingen, journaliste et auteure sur le thème de la déconnexion. À travers cette chronique, je souhaite me pencher plus en détail sur le voyage et la quête de soi évoqués dans cet épisode de podcast. 

L’illusion du voyage

Le Grand Tour est né au XVIIIème siècle. Il consiste en un voyage initiatique autour des pays européens afin d’acquérir des connaissances sur le monde et de grandir intellectuellement. Bien sûr, ce voyage était destiné à des hommes de classes aristocratiques. 

Alors qu’aujourd’hui le voyage est plus accessible, notamment grâce aux compagnies aériennes low-cost, je me pose la question suivante : voyager pour accéder à de nouvelles cultures et à de nouveaux modes de pensée n’est-il pas en soi, une démarche purement égoïste ?

À l’origine, on voyage lors de nos congés pour décompresser, prendre le soleil, se relaxer, en bref, lâcher-prise. Puisque les vacances (chez les Français·e·s) ne durent généralement pas plus de 2 semaines, il faut rentabiliser son temps (vision linéaire du monde qui se traduit par une consommation irraisonné pour atteindre un objectif donné). Donc, on part loin, mais rapidement, et on consomme vite et sans se poser de questions (notamment sur les conséquences sociales et environnementales de nos actions). Et en même temps, on est en vacances et pas là pour penser à nos faits et gestes. Le tableau que je viens de vous dépeindre se nomme le surtourisme.
Fort heureusement, la pandémie a accéléré la prise de conscience écologique et les voyageurs·euses tendent vers un tourisme plus respectueux de l’environnement. Malgré tout, a-t-on réellement besoin de partir loin pour apprendre et développer de nouvelles connaissances ? Bien sûr, certains peuples et populations peuvent nous inspirer par leur mode de vie et leur mode de pensée, comme nous le montre Frederika en parlant des peuples racines. Néanmoins, ce sentiment de retour à l’essentiel que l’on expérimente lors d’un voyage, le gardons-nous à notre retour ? Ou vivons-nous simplement cette expérience  sur le moment présent pour en garder un bon souvenir à notre retour ? En tant que nomades sédentarisés, ce sentiment est plus fort que nous mais nos modes de vie actuels nous poussent à nous poser les bonnes questions. 

Le monde dans lequel nous vivons

Le monde actuel nous a déconnectés de nos racines. L’agriculture intensive, la révolution industrielle et le virtuel nous ont éloignés de notre nature profonde (vivre selon son instinct, en harmonie avec son environnement et ses congénères) et nous incitent à avoir une vision linéaire de la vie avec un objectif de rendements. Les peuples racines (autochtones) eux, ont réussi à garder une vision cyclique de la vie, que l’on retrouve dans le vivant (cycle jour – nuit, les saisons, le cycle menstruel).

Ils ont su rester reliés à la Terre et au monde naturel dont ils font partie. Les peuples racines accompagnent les enfants de la tribu à découvrir qui iels sont pour qu’iels trouvent leur place au sein du groupe, ce qui permet de laisser tomber l’ego et de faire partie du vivant. C’est d’ailleurs une notion développée dans le livre Animal de Cyril Dion. 

Comment se reconnecter à soi et au monde ?

Tout d’abord, il est primordial de créer des espaces de silence. Le silence permet de se reconnecter à ses sens et d’aller au plus profond de soi afin d’analyser nos blessures. Car oui, des blessures, nous en avons toustes. Qu’elles soient liées à l’enfance (référence aux 5 blessures qui empêchent d’être soi-même de Lise Bourbeau), aux discriminations systémiques (racisme, homophobie, transphobie, etc.) ou à nos relations passées, les différents traumatismes rencontrés au sein de notre vie nous déconnectent de nos émotions et créer des mécanismes de défense, dont l’ego fait partie. Et l’ego est le principal frein à l’ouverture aux autres, notamment dans le voyage. 

Enfin, je voudrais conclure sur la notion d’inter-relation, très présente chez les peuples racines. Cette notion implique le partage à l’autre, la transmission d’un message plus grand que soi. Ce que l’on fait généralement en voyage, pourrait donc se trouver au coin de votre rue. Alors oui, le tourisme aujourd’hui a des aspects négatifs qu’il faut garder à l’esprit, mais il apporte également une très grande richesse pour celles·ceux qui savent l’accueillir au quotidien. Comme l’a dit Audrey Hepburn : “Il y a des voyages qui se font avec un seul bagage : le cœur. » À vous de commencer le votre…

Sources :

https://open.spotify.com/episode/0lzQ9urlSmqlKyONXaCfqW?si=3e82d8e7d7e84992
5 blessures qui empêchent d’être soi-même de Lise Bourbeau
Animal, Cyril Dion

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