De l’injonction au voyage

Par Une Voyageuse Heureuse

Nous n’avons pas vocation à être un journal tout court, mais davantage un journal intime de notre société. Au fil des jours, nous vous proposons donc de plonger dans les réflexions de cette génération qui navigue dans un monde bouleversé, et qui a fait du questionnement son mot d’ordre. Ces chroniques sont des points de vue sur le monde, elles reflètent donc la subjectivité de leurs auteurs et autrices. Elles se veulent intimes, pour regarder les grandes questions par le petit trou de la serrure.

Chaque mois, notre voyageuse heureuse vous emmène dans son baluchon pour repenser le voyage d’une manière durable et humaine. Aujourd’hui, elle vous parle de l’injonction au voyage…


J’ai pris ma décision, ça y est. Je rentre en France. D’ici quelques jours, j’aurai le plaisir de déguster un bon camembert sur baguette. Rien que d’en parler, j’en bave déjà. En attendant ce moment de joie, je voulais parler de ce sentiment que j’ai ressenti et qui m’a poussé à partir au Brésil. 

Je vous ai déjà parlé de ma peur de partir et de voyager seule dans mon billet ‘Une bouteille à la mer’. C’est mon ex qui m’a donné la force de passer à l’action. Il passait des heures entières à me parler de ses voyages, de ses expériences et rencontres extraordinaires. Sur les réseaux sociaux, je suis des centaines de comptes de voyageurs·euses. Le genre de contenu qui te vend du rêve, qui te donne envie de tout plaquer et de vivre d’amour et d’eau fraîche. Donc je suis finalement partie, et je me suis pris une grande claque. Il s’avère que le voyage en backpack (sac à dos), comme mode de vie, ce n’est pas pour tout le monde. 

Je ne dis pas ça pour décourager celles et ceux qui souhaitent voyager, loin de là. Seulement voilà, pour une personne à tendance anxieuse, réaliser tout ça, être sans cesse en mouvement, à devoir découvrir, enchaîner visites et rencontres, ça en devient très vite fatigant. J’utilise le verbe “devoir” car il a toute son importance. J’ai ressenti une si grande pression à devoir réaliser toutes les activités les plus célèbres. Et oui, si tu ne réalises pas le Top 10 Trip Advisor, tu as “raté” ton voyage… 

Le voyage, c’est un choix. Choisir de sortir des cases toutes tracées du tourisme classique et des grands tours opérateurs pour aller vers un tourisme qui nous correspond. Pour moi, il prend son temps et entre en contact avec les locaux. Pour d’autres, le choix est un peu différent. Des personnes qui parcourent toute l’Amérique Latine en avion en seulement 3 mois, j’en ai rencontré… Comment ne pas résister avec des vols à moins de 50€ pour traverser le monde entier ? Puis, on ne va pas se mentir, voir toutes ces personnes profiter de la facilité pour voyager ainsi ça donne envie, on finit par remettre en question ses propres valeurs…

Mais je me demande, à quel moment est-il devenu envisageable de parcourir un continent à cette vitesse ? 

Je me rappelle ce moment dans mon voyage où je suis tombée sur cette trend TikTok qui dit “Ce n’était pas la dépression, c’était seulement [nom de là où tu habites]” en montrant des personnes moroses en France puis vivant leur meilleure vie à l’étranger. D’après Prabhakar Raghavan, Vice-président senior de Google 

“D’après nos études, près de 40 % des jeunes,
            lorsqu’ils cherchent un endroit pour manger,
        ne vont pas sur Google Maps ou Search.
Ils vont sur TikTok ou Instagram. “

Cela montre bien l’importance des réseaux sociaux dans nos prises de décisions actuelles. Alors, lorsque je voyage, si je ne fais pas de plongée, si je ne fais pas des tours en bateau ou ne me fais pas des ami·e·s pour la vie comme sur toutes ces publications TikTok, est-ce que mon voyage en vaut quand même la peine ?

La réponse est bien évidemment OUI. Ce voyage avait pour but de prouver à mon ego que, malgré mon anxiété et mes peurs, je pouvais le faire. Mais je réalise que tout ce que l’on vit en voyage, on peut l’intégrer dans sa vie de tous les jours. Toutes ces personnes heureuses à l’étranger le sont en réalité, car elles ont changé leur manière de vivre au quotidien. Je ne regrette absolument pas d’être partie, néanmoins, avec le recul, je ferais peut-être certaines choses différemment (comme partir avec un répulsif anti-moustique). J’aurais aussi aimé voir des contenus différents sur les réseaux sociaux qui me vendent une réalité et pas l’imaginaire du voyage. 

Moralité de l’histoire ? Comme disait Françoise Sagan (écrivaine française) : « Ce n’est pas parce que la vie n’est pas élégante qu’il faut se conduire comme elle. ». Alors à toi qui te poses peut-être la question de partir à l’étranger sur une courte durée, de traverser de nombreux continents en avion, pose-toi cette question : qu’est-ce que je cherche dans ce voyage, qu’est-ce qui dans l’idée de voyager, me rend vraiment heureux·se ? 

L’ÉCOLOGIE AU BRÉSIL

Par Une Voyageuse Heureuse

Chaque mois, notre Voyageuse Heureuse vous parle voyages, tourismes responsables, écologies. Expatriée au Brésil, ses yeux de Française ont du mal à s’acclimater aux pratiques écolos du pays. Aujourd’hui, elle nous raconte comment c’est là-bas, au Brésil, l’occasion de décentrer le regard et de s’apercevoir que les priorités, les inégalités, les traditions ne sont pas universelles, et que ce qui nous paraît évident ne l’est pas ailleurs. Ou quand la situation politique, la pauvreté et les questions sociales sont inextricablement liées à la gestion des déchets ou l’abattement des arbres du poumon vert de la planète.

Cela fait maintenant 1 mois que je suis arrivée au Brésil. Dans cet article, je souhaite vous parler d’écologie. Car même si je m’étais informée sur le sujet avant de partir, le voir de mes propres yeux est une tout autre réalité. 

Le paradis du plastique

Quand je suis arrivée au Brésil, j’ai été surprise de voir à quel point on trouve du plastique à usage unique partout. Même les couverts de restaurants sont emballés dans du plastique (ou du papier parfois). 

J’ai alors décidé de me renseigner sur le sujet pour mieux comprendre les enjeux écologiques du pays. 

D’après une enquête de WWF (dispo ici) réalisée en 2019, le Brésil se place à la 4ème place des pays producteurs de plastique dans le monde.
Bien qu’une collecte des déchets ait lieu, la séparation et le traitement de ces derniers est plus complexe. De plus, depuis mon arrivée, je n’ai vu que très peu de poubelles de tri accessibles au public. Il y a donc un gros problème d’accessibilité au tri sélectif des déchets. Bien que certaines villes du pays ont promulgué des lois pour réduire l’usage du plastique, ces dernières sont encore insuffisantes. En somme, parmi les 10,3 millions de plastiques collectés, seulement 1,28% sont recyclés

Cas spécifiques où pullule le plastique : 

  • Dans les supermarchés où les courses sont portées dans des petits sacs plastiques à usage unique, donnés directement en caisse ;
  • Dans les bars (ou tout lieux de loisirs) où l’on vend des bouteilles d’eau plastique ou des sortes de contenant qui ressemblent à des yaourts et qui contiennent de l’eau ;
  • Dans tous les magasins et commerces de rue.

Ceux-ci ne sont que quelques exemples généraux.

Les catadores

Le Brésil est un pays où règne les inégalités. Dans cet article, je ne parlerai pas des favelas car le sujet mériterait un article en lui-même. En effet, les favelas sont des lieux particuliers, peu accessibles et où le recyclage est encore plus complexe.

Pour en revenir au Brésil, cette gestion des déchets a permis à des emplois informels de voir le jour, ce qui permet aux habitant·e·s de survivre. Ainsi, il existe des “ramasseurs de déchets” (“catadores” en portugais brésilien). Ces personnes fouillent les poubelles des villes pour en retirer les déchets recyclables (majoritairement bouteilles plastiques et canettes) qui y sont jetés. Ils les revendent ensuite aux centres de tri pour, généralement, de modiques sommes. Les catadores participent à 90% au recyclage des déchets du pays.

L’écologie, c’est politique

Maintenant que nous avons parlé du recyclage, passons à un sujet fortement politisé et médiatisé : la déforestation. Le Brésil abrite la forêt amazonienne, poumon vert de la planète. 

Alors que depuis des années, le président actuel, Lula Da Silva, luttait pour la protection de l’Amazonie et des peuples Amérindiens, l’ex-président du Brésil a eu le temps de faire bien des dégâts. La gouvernance de Jair Bolsonaro, du parti conservateur, a eu pour conséquence une forte déforestation et l’expulsion de nombreuses populations. Sa politique s’est notamment basée sur le développement des cultures de soja et d’élevages, très pollueurs. Pour cela, la forêt était incendiée et déforestée pour y laisser la place de construire les infrastructures nécessaires à l’agriculture. 

“Entre août 2019 et août 2020, une surface de 11 088 km2, équivalente à 100 fois Paris, est partie en fumée ; du jamais vu depuis 2008. Plus récemment, au mois de mai 2021, la déforestation en Amazonie brésilienne a progressé de 40% par rapport à mai 2020. “ – Greenpeace

Je ne parlerai pas des pesticides utilisés pour les récoltes, autre désastre écologique… Au niveau social, ce n’est pas mieux. Alors que les peuples indigènes vivent en harmonie avec et préservent la nature, leurs conditions de vie sont en danger. 

Raoni, chef indien d’un peuple d’Amazonie, a saisi la Cour Internationale brésilienne pour porter plainte contre Jair Bolsanora avec pour motifs : crime contre l’humanité, mise en esclavage et en danger des peuples amérindiens. La Cour Internationale examine encore le dossier. En somme, rien ne les oblige à le traiter.

Ainsi, bien que l’écologie soit un sujet planétaire de première importance, il faut également se rendre à l’évidence, la priorité du Brésil est l’implémentation de politiques sociales pour permettre aux habitant·e·s de vivre (et non de survivre). Cela passe par la protection des peuples indigènes, de la reconnaissance de nouveaux corps de métiers et de plus grandes aides sociales. Je pense sincèrement que, de cela, pourra découler des politiques environnementales car ces deux sujets sont étroitement liés. J’espère de tout cœur que Lula réussira à ramener un peu de paix dans ce pays qui a subi, il y a quelques semaines, des attaques fascistes dans la capitale.

Sources :

https://www.ird.fr/le-role-des-ramasseurs-de-dechets-dans-le-recyclage-au-bresil-une-realite-meconnue

https://www.wiego.org/publications/catadores-de-materiais-reciclaveis-no-brasil-um-perfil-esta

https://www.wwf.org.br/?70222/Brasil-e-o-4-pais-do-mundo-que-mais-gera-lixo-plastico

https://www.geo.fr/environnement/le-bresil-mauvais-eleve-du-recyclage-de-plastique-195775

https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/bresil-le-mandat-de-jair-bolsonaro-un-record-pour-la-deforestation-de-l-amazonie-2234109.html

https://www.greenpeace.fr/amazonie-ecocide-en-cours/

Une bouteille à la mer

Par Une Voyageuse Heureuse

Cette saison, l’équipe de rédaction de Motus s’est étoffée. Nous n’avons pas vocation à être un journal tout court, mais davantage un journal intime de notre société. Au fil des jours, nous vous proposons donc de plonger dans les réflexions de cette génération qui navigue dans un monde bouleversé, et qui a fait du questionnement son mot d’ordre. Ces chroniques sont des points de vue sur le monde, elles reflètent donc la subjectivité de leurs auteurs et autrices. Elles se veulent intimes, pour regarder les grandes questions par le petit trou de la serrure.

Aujourd’hui, un départ, une secousse, de l’amour et du voyage pour la chronique d’Une Voyageuse Heureuse.

Aujourd’hui je souhaite lancer une bouteille à la mer. Parler de mon vécu, qu’il résonne en vous, d’une manière ou d’une autre, pour peut-être, réveiller en vous cette petite étincelle qui sommeille au fond de votre cœur.

Dans ma dernière chronique, je vous parlais de l’origine du voyage, du Grand Tour destiné à perfectionner les connaissances des jeunes aristocrates. Selon moi, c’est le grand enjeu du voyage. De grandir. Bien sûr, il y a des milliers de façons de le faire. Mais il y a dans le voyage, cette notion de quête de soi, d’aller à la rencontre de l’autre, pour au final, mieux se comprendre soi-même (toujours de la manière la plus vertueuse possible). 

Je me suis professionnalisée dans le milieu touristique depuis maintenant 4 ans. J’y voyais un moyen de parcourir le monde. Grande rêveuse, j’ai toujours été attirée par les cultures étrangères, les paysages romanesques et les langues. Mais peu à peu, la société m’a aspiré dans un carcan que je n’ai jamais accepté. Métro, boulot, dodo. Je justifiais cela par les études que je réalisais. Je suis très contente et fière de les avoir terminé, tant elles m’ont appris. Mais à la sortie en septembre 2022, je n’ai pas ressenti le désir de me lancer dans une quelconque carrière professionnelle, j’ai encore bien trop à apprendre. Patrick Modiano disait : 

“La notion du vieillissement, du temps qui passe, c’est un truc qu’on n’a pas jusqu’à vingt ans.”

J’ai 24 ans, et le temps qui passe, je le sens déjà. Je félicite celles et ceux qui ont lâché leurs études, qui ont eu le courage de partir avec, pour tout bagage, l’envie de se challenger. Cette envie de partir, ça fait plus de 5 ans que je l’ai. Mais il m’a fallu attendre. Attendre d’être prête, de mûrir, et surtout, de le rencontrer. Et oui, je vais parler d’un mec. Ce mec avec qui il n’y avait rien de concret, à part de forts sentiments naissants. Ce mec qui est parti solo en sac à dos découvrir le monde. Celui qui a réveillé mon âme d’enfant. Cette enfant qui aspire à de grandes choses, courageuse, aventurière, qui s’est laissée dompter par la morosité de la vie. Ce mec que j’ai retrouvé à son retour, et qui m’a tellement apporté. Ce mec avec qui j’ai tenté une relation, parce qu’après tout, pourquoi ne pas essayer ? Mais quand on est empêtré dans un schéma du couple traditionnel qui ne nous plaît pas, il est dur d’en sortir, même si le mec à tout pour plaire (ou presque). Ce mec a fait bien plus que réveiller mon coeur (ça a fait pas mal de remue-ménage), il a réveillé mon âme. Alors, à toi qui lit peut-être ces lignes, je te dis merci, merci du fond du cœur. Pour la première fois de ma vie, je vais réellement vivre. Quand on rompt, on renonce à une relation amoureuse, pas à la personne en elle-même. Une rupture, ce n’est pas forcément chaotique. On n’est pas obligé de laisser la personne derrière soi, de l’oublier. Alors, le temps de pleurer est terminé pour moi. Le temps de la peur s’arrête aujourd’hui. J’ai décidé de partir.

Ça y est, ma bouteille à la mer est jetée, et moi je me lance dans la grande aventure qu’est le voyage. Sans oublier cette personne qui a réveillé en moi cette flamme qui n’est pas prête de s’éteindre. J’espère à travers cette chronique, allumer la votre.

« Ne traversez pas la vie en dormant. » Amina Slaoui

Distinction sociale & tourisme

Par Une Voyageuse Heureuse

Repenser le tourisme est une chronique autour du voyage au sens large. Hormis pour les professionnel·le·s du tourisme, c’est un secteur sur lequel on se pose peu de questions. Que ce soit à travers l’histoire ou la sociologie, on se rend peu compte de tout ce qui se cache derrière son développement. 

Alors, si on revenait sur l’origine du tourisme ?

Quelques notions…

Pierre Bourdieu, fameux sociologue français, a détaillé les moyens nécessaires pour pouvoir voyager. On retrouve ainsi des critères : 

  • Financiers (avoir l’argent nécessaire pour se transporter et se loger) ;
  • Temporels (avoir le temps de pouvoir partir sur une certaine durée) ;
  • Techniques (avoir accès au moyen de transport adéquate) ;
  • Sociaux (la distinction sociale offrant une certaine sécurité lors du voyage).

Apparition du tourisme

Le tourisme existe depuis la nuit des temps. Que ce soit chez les Grecs lors des Jeux olympiques ou lors de pèlerinages au Moyen-Âge, le tourisme avait pour but de célébrer les dieux. Il y avait également une forme de tourisme commercial afin de passer des marchandises dans différentes contrées. L’exemple des Routes de la soie est le plus parlant. À cette époque, le tourisme de plaisance ou de nature n’existait pas encore. Au contraire, certains milieux naturels, comme la montagne, était vue comme un lieu maudit synonyme de catastrophes naturelles et de maladies. Ce n’est qu’à l’époque romantique que des peintures imageant des états d’âme redore l’image de la montagne.

Du Grand Tour à l’hygiénisme

Quant au tourisme tel qu’on le connaît aujourd’hui, il est né dans les années 1850 avec le Grand Tour. Le Grand Tour est un voyage effectué par les jeunes hommes aristocrates. Ce voyage initiatique se déroulait sur plusieurs années dans toute l’Europe afin de parfaire leur éducation. C’est une sorte de rite de passage pour devenir un homme (ça fait rêver). À cette époque, le tourisme était donc élitiste, accessible aux privilégiés, c’est-à-dire, aux hommes riches. 

Dans la même période, suite aux découvertes de Pasteur sur les microbes, apparaît l’hygiénisme. L’hygiénisme est un courant de pensée apparu au milieu du XIXe siècle qui prône le “selfcare” grâce à un environnement sain. En découlent deux types de tourisme : 

  • Le balnéarisme, selon lequel les bains de mer sont bons pour la santé, à condition qu’ils soient frais ;
  • Le climatisme, selon lequel certains climats sont bénéfiques pour la santé (climat maritime / montagnard).

La montagne est ainsi démystifiée et l’on s’y rend l’été alors qu’on fréquente les plages en hiver. Et oui ! N’oubliez pas notre critère de distinction sociale, pour être reconnu, il faut avoir la peau bien blanche… Du moins, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

De l’après-guerre…

Impactées par les ravages de la guerre, les élites européennes lancent une nouvelle mode : le “dadaïsme”.  Mouvement intellectuel et artistique, le dadaïsme aspire à créer un monde nouveau, artistique et philosophique en réponse aux atrocités de la guerre. Ça y est, on casse enfin les codes, afficher une peau bronzée devient tendance et pour cela, fini la mer en hiver, on y va l’été ! Coco Chanel sera l’une des premières à s’afficher fièrement à la plage en saison estivale. C’est ainsi que les stations balnéaires du sud de la France vont peu à peu voir le jour.

Deux autres dates importantes à connaître qui ont permis la démocratisation du tourisme : 

  • 1945 – 1975 : le marché de l’automobile explose (favorise l’aspect technique) ;
  • 1982 : la France obtient les 5 semaines de congés payés (aspect temporel et financier).

Au tourisme de masse…

Le tourisme de masse banalise les lieux touristiques qui deviennent interchangeables les uns les autres, c’est ce que l’on appelle l’aspatialité du tourisme. L’aspatialité, terme de Serge Bataillou, illustre la destination comme support de vacances. Que l’on parte en Italie ou en Espagne importe peu, tant que l’on y retrouve des activités similaires. Cela contribue à la destruction de l’identité locale par homogénéisation culturelle.

Ainsi, que ça ait été avec le Grand Tour, l’hygiénisme ou le dadaïsme, le tourisme a toujours été un signe de distinction sociale. Et en 2022 ? Aujourd’hui, nous faisons bien la différence entre le touriste, qui participe à l’aspatialité, du voyageur, en quête de découverte d’une destination, d’une culture. Le·a voyageur·euse type voyage en sac à dos, c’est un·e backpacker·euse. Iel tient à se distinguer du simple touriste. Ne serait-ce pas alors une forme de distinction sociale moderne ? Le·a voyageur·euse ne serait-il pas la version 2.0 du touriste, tout simplement ? Dans son mémoire, “Tourisme et distinction”, Julien Vogler exprime que les voyageurs·euses voyagent dans des destinations lointaines pour y retrouver une forme d’authenticité.
Je finirais sur une réflexion : chercher l’authenticité loin de chez soi pour sortir de l’ordinaire, au lieu d’agir pour retrouver l’authenticité dans son propre pays, n’est-il pas une forme de fuite ? 

Si vous souhaitez en apprendre plus sur le lien entre tourisme et distinction sociale, je vous conseille le mémoire de Julien Vogler, disponible ici.

Sources : 

https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000489/l-instauration-des-39heures-et-de-la-5esemaine-de-conges-payes.html

Cours de sociologie du tourisme d’Etienne Proust

http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/routes-de-la-soie

https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Tour

https://www.guide-artistique.com/histoire-art/dadaisme/#origines

https://archive-ouverte.unige.ch/unige:106026