Réflexions d’un gars lassé par le salariat 

Par Jonas

[Précision de taille : je suis artiste, pas économiste ou historien, idéaliste sans aucun doute, décroissant très probablement et dans cette chronique, je vais essayer de vulgariser et de parler selon mon prisme personnel. J’ai lu, regardé, écouté pas mal de choses sur le sujet mais il est sûr que ce n’est pas un essai exhaustif ni la volonté de faire le tour de la question. C’est une tentative de réflexion et je suis preneur de vos retours, opinions, savoirs,… pour qu’on puisse réfléchir ensemble à un modèle de société plus juste et plus épanouissant pour toutes et tous.]

Constant failure. Young man spilled drink on the keyboard while working and trying to wake up. Drinking a lot of coffee. Concept of office worker’s troubles, business, problems and stress.

Salut! 

Moi c’est Jonas, c’est mon premier texte pour Motus et si j’en arrive à écrire cette chronique ici, c’est notamment parce que j’ai le temps. Aussi parce que j’aime bien écrire, que j’ai à ma disposition un ordinateur, une connexion internet, un lieu chauffé pour l’utiliser, de l’électricité en permanence et pas bien chère mais breeeeef. 

J’ai le temps.

J’ai le temps puisqu’en octobre, j’ai terminé mes deux ans de chômage après presque une décennie de travail. Et plutôt que de retourner dans le monde sérieux du salariat, j’ai décidé d’affronter la précarité de l’artiste au RSA. 

J’ai le temps donc. Et avec ces nombreuses heures qui me sont offertes, libres et improductives, j’ai décidé de me questionner sur ce qui, d’ordinaire, nous accapare 10% de notre vie : le travail. C’est que, une vie dure en moyenne 700.000 heures dont 67.000 sont consacrées au travail, 30.000 aux études (et, tant qu’on est dans les chiffres, 200.000 au sommeil!) ce qui n’est, vous en conviendrez, pas rien. Ayons l’honnêteté de dire que c’est tout de même beaucoup moins qu’il y a un siècle certes où le travail constituait l’écrasante majorité de la vie d’une écrasante majorité de gens.

Pourtant, depuis le début de la révolution industrielle (le 19ème siècle, pas si long ago à l’échelle de notre Histoire), on nous promet un avenir radieux à coups d’évolutions technologiques, de machines pour remplacer l’humain et un labeur de moins en moins pénible. Keynes, pas le moins célèbre des économistes, a même eu cette vision prophétique il y a presque un siècle : on travaillera seulement 15 heures par semaine en 2030.
Mais alors qu’on approche de la date tant espérée, le salaire minimal peine à décoller, on nous parle de nous serrer la ceinture, l’âge du départ à la retraite est bien parti pour reculer sur le quinquennat de Macron (qui affirma sans faux semblant sur France 2 il y a peu “ Si on veut réussir, si on veut avancer, on n’a pas d’autre choix que de travailler davantage”).

Et ce discours prend place alors que de plus en plus de personnes refusent le travail indigne et essayent de tenir tête à une précarité persistante. La vague de grèves du secteur pétrolier qui a secoué l’actualité a mis en lumière un phénomène particulièrement vicieux : ce sont toujours les emplois les plus indispensables qu’on tord jusqu’à l’épuisement. On l’a vu avec le secteur des soins pendant le Covid, avec les instituteurs et institutrices en conflit ouvert et permanent avec l’Education Nationale depuis des années. Alors que par un stratagème f(i)lou, les riches patrons, propriétaires multiples, stars en paillettes et divas sur crampons s’en foutent plein les poches sans la moindre retenue.

Vous vous en doutez, le chantier est vaste et votre attention limitée, je vais donc essayer de séquencer mon propos et de vous offrir mensuellement une chronique qui traitera de la question du travail en sortant de l’idéologie dominante du métro-boulot-dodo qui se fissure de toutes parts.
Je vous donne alors rendez-vous dès janvier pour le premier numéro qui retracera les grandes lignes de l’histoire du travail.

PS : chaque mois, quelques liens pour approfondir le sujet avec des concepts et des théories plus complètes : 

Un livre : “Paresse pour tous” de Hadrien Klent

Une (ou plusieurs) vidéo(s) : ABC Penser 

Un podcast : Travail en cours “Où est passé le temps libre?”