Bénévoles, jusqu’où ?

Photo de RODNAE Productions sur Pexels.com

Aujourd’hui, comme depuis 1985 et une décision de l’ONU, c’est la journée mondiale du bénévolat. Le bénévolat, d’après Le Robert, désigne la situation d’une personne qui accomplit un travail gratuit, sans y être obligée. En France, on en compte, d’après les chiffres du gouvernement en 2021, 12,5 millions. Oui, ça fait pas mal. Un Français sur 4, en fait. Et parmi eux, « un peu plus de un français sur dix, soit entre 5.2 et 5.4 millions de personnes, agissent sur un mode hebdomadaire et constituent la colonne vertébrale des associations. Plus de 85% des associations françaises sont gérées exclusivement par des bénévoles. »

Chez Motus, nous fonctionnons aussi avec des bénévoles (et les meilleur·es <3). Iels participent à la vie du média sous tous ses aspects. Et c’est génial.

Mais tout ça pose quand même quelques questions :

  • où s’arrête le bénévolat et où commence le travail salarié déguisé ?
  • comment établir et nourrir des relations égalitaires sans les cadres « capitalistes » auxquels nous sommes habitué·es et où la rémunération et les fiches de postes régulent nos rapports ?
  • comment prôner une société d’entraide et de rapports gratuits sans renforcer la domination qui écrase déjà les personnes précaires, et tirer des marchés vers le bas ?

Dans toutes ces questions, que nous explorons comme beaucoup d’autres structures, s’entrechoquent la volonté de construire une société plus solidaire, où tout n’est pas marchandisé, et la nécessité de rémunérer correctement le travail, et de permettre à tous et toutes de vivre sereinement.

Voici quelques pistes de réflexion :

  • être clair·e sur les attentes et les besoins des deux côtés, même si aucun contrat ne nous lie, tout le monde se protège en évitant les incompréhensions ou les attentes démesurées
  • valoriser le temps et l’engagement bénévole par des moyens non marchands (toujours remercier, apporter de la considération, du temps en retour, des moments de partages, des cadeaux non matériels,…)
  • organiser des moments de discussion privilégiés autour du travail bénévole, pour une approche transparente et hors de rapports hiérarchiques, où les paroles peuvent s’exprimer
  • Adapter les structures constamment face aux retours des bénévoles (et non l’inverse :))
  • Laisser libres les portes de sortie : toujours explicitement rappeler que l’engagement ne doit pas être contraint, sous aucune circonstance
  • Réfléchir au sens du bénévolat pour l’organisation : pourquoi ai-je besoin de bénévoles ? pourquoi ai-je écarté la piste salariée ?

Les contraintes financières pèsent aussi sur les prises de décisions. Le raisonnement « bénévolat = exploitation » stigmatise de fait les petites organisations, et les personnes plus précaires qui n’ont pas d’autre choix que de s’organiser hors des rapports marchands, en privilégiant des valeurs d’entraide et de solidarité pour des projets qui font sens et qui nourrissent également les bénévoles. Accordons-nous sur le fait que ces valeurs sont d’ailleurs celles que nous avons urgemment besoin de développer dans notre société, aujourd’hui. Le problème n’est donc pas le bénévolat en soi, mais le pourquoi, et le comment. Frayons-nous un chemin éthique, digne et porteur au milieu de tous ces points d’interrogations!

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