LE TOURISME S’ENVOIE EN L’AIR

– Nous n’avons pas vocation à être un journal tout court, mais davantage un journal intime de notre société. Au fil des jours, nous vous proposons donc de plonger dans les réflexions de cette génération qui navigue dans un monde bouleversé, et qui a fait du questionnement son mot d’ordre. Ces chroniques sont des points de vue sur le monde, elles reflètent donc la subjectivité de leurs auteurs et autrices. Elles se veulent intimes, pour regarder les grandes questions par le petit trou de la serrure. –

Chaque mois, notre voyageuse heureuse vous emmène dans son baluchon pour repenser le voyage d’une manière durable et humaine. Aujourd’hui, elle vous parle de la multiplicité des rêves, et de certains qui font plus de bien que d’autres…

Je suis rentrée du Brésil. Je suis désormais au Portugal, pour voir ma famille (je suis franco-portugaise pour ceux·celles qui n’auraient pas suivi). Et malgré cet incroyable voyage, je souhaite toujours promouvoir un tourisme de proximité, qui permet de se retrouver et d’aller à la rencontre de l’autre. J’ai appris beaucoup de choses au Brésil, et le retour à la réalité française n’a clairement pas été facile, aussi court qu’il ait été. Et si je vous en parlais un peu ?

Le lendemain de mon retour, j’ai décidé de me rendre à Belle Épine, un grand centre commercial de région parisienne. Je cherchais du fil de macramé pour faire des colliers (merci à ma merveilleuse amie Chilienne de m’avoir appris à en faire). Outre les personnes toutes habillées de noir et vêtues de manteaux épais, je me suis sentie en inadéquation avec ce lieu et ces gens. Des magasins qui vendent des centaines de vêtements, des personnes qui déambulent dans les rayons à la recherche du dernier article à la mode. Bref, j’ai fait une crise d’anxiété. 

J’ai tenté de trouver la raison à cette peur panique que j’ai ressentie. Je pense qu’elle vient de cette société de surconsommation qui pousse les personnes à être toustes pareilles. Mêmes vêtements, mêmes attitudes, mêmes personnalités. C’est peut-être hautain de ma part, mais j’avais réellement l’impression d’être une alien parmi une armée de clones. Mes parents me prennent pour une folle, peut-être que je le suis. Ou peut-être que je fais partie d’une génération, d’une partie de la population qui souhaite voir plus loin que ce qu’on leur offre.

Je suis rentrée chez moi et j’ai décidé de réfléchir à mon prochain article sur Motus, je voulais parler du tourisme de proximité, tant en vogue en ce moment et depuis la crise sanitaire. Et devinez quoi ? Je tombe sur un article qui parle de tourisme spatial. Une boule de nerf se crée dans mon ventre. Voici le pitch : au Japon, une société d’aérospatial a pour projet de créer un ballon d’hélium avec cabines pour envoyer les touristes dans l’espace, afin de vivre une expérience ”mémorable”. Article dispo ici.

C’est vrai que 149 400 000 km2 de surface terrestre (source : notre planète info) à parcourir ce n’est pas assez, l’Homme devait bien évidemment penser à partir en vacances dans l’espace…

Comme disait notre cher Spinoza :
“Le désir est l’essence même de l’Homme.”

Enfin bref, j’ai réellement essayé de comprendre cette dualité : tendance tourisme durable vs tourisme spatial. Mais finalement, je crois qu’il y aura toujours une dualité entre les Hommes. Nos rêves dépendent de notre classe sociale, de notre socialisation et de nos prises de conscience.  Notre société a toujours été ainsi et rêver un monde idéal, où tout serait comme on le souhaite est une utopie. Puisque les autres (les riches pollueurs·euses aux idées démesurées) souhaitent eux aussi une autre utopie qui leur est propre, le consensus est inatteignable. 

Et oui, la voyageuse heureuse peut aussi être pessimiste parfois. Je me suis même demandé si tout n’était pas vain. L’écologie, les manifestations contre la réforme des retraites, se battre pour ses idées. Et j’ai abouti à la conclusion que justement, c’était encore plus important. Car chaque être humain change au cours des années, évolue, voit les choses autrement. Dans un monde qui évolue à une vitesse démesurée, je vais continuer de promouvoir un tourisme plus vertueux. Car les 76% de Français·e·s qui souhaitent se tourner vers un tourisme durable (étude Booking de 2019) n’étaient peut-être que 35% il y a 10 ans. Car dans un monde où la technologie, les IA et la robotique se développent à une vitesse folle et font peur à plus d’un·e, un contre mouvement, qui ralentit, qui se reconnecte à l’essentiel se créer, s’organise et se fortifie. J’en fais partie et je continuerai de me battre pour mes idées.

Courage aux copain·e·s dans la rue contre la réforme des retraites, je vous soutiens de loin !

Sources : 

Tourisme spatial : une start-up japonaise présente sa capsule stratosphérique, Fleur Brosseau, Trust my science, 2 mars 2023. URL : https://trustmyscience.com/start-up-japonaise-presente-capsule-stratospherique-tourisme-spatial/

Chiffres clés de la Terre, Notre planète info, 2 avril 2013. URL :  https://www.notre-planete.info/terre/chiffres_cle.php

« Le désir est l’essence même de l’homme » – Spinoza, La Pause Philo, 9 mars 2021. URL : http://lapausephilo.fr/2021/03/09/desir-est-essence-homme-spinoza/

Ecotourisme : 76% des Français souhaitent que des solutions durables soient mises en place rapidement, selon une étude Booking.com, Booking.com, 17 avril 2019. URL : https://news.booking.com/fr/ecotourisme–76-des-francais-souhaitent-que-des-solutions-durables-soient-mises-en-place-rapidement-selon-une-etude-bookingcom/

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