MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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Profiter dans un monde qui crame – Turbulences

Par Laura Wolkowicz

Turbulences, ce sont les chroniques d’une femme cis blanche “privilégiée” et hypersensible qui décide de s’emparer et de décortiquer les turbulences sociétales et personnelles qui la bousculent. Un petit plongeon dans l’œil de la tempête pour un grand bain de prises de tête.

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Trente-et-un – C’est le nombre de fois où j’ai pris l’avion depuis que je suis née.

Quatre ans – C’est la durée depuis laquelle j’ai pris conscience de l’impact de l’avion sur notre planète et où j’ai décidé d’en faire un usage raisonné

Deux ans – C’est la dernière fois que j’ai pris l’avion

Culpabilité – C’est ce que je ressens

Alors l’autre jour, quand, lors d’un apéro entre potes, au détour d’une conversation sur nos envies de voyages et si l’on décidait d’utiliser ou non l’avion, un ami a avancé l’argument : « On est jeune, il faut profiter ». Je suis restée muette… Ça m’a paru tellement absurde et en même temps si juste… Ma bouche s’est retrouvée bouchée par de multiples questions :

Comment vraiment profiter quand on sait que notre planète est en train de cramer et que notre acte ne fait qu’y contribuer ? Dois-je pour autant abandonner mes plaisirs et mes passions si elles contribuent trop à la pollution ? Dans ces conditions, que reste-t-il du plaisir de vivre ?  Comment ne pas me laisser déborder par la culpabilité ? Pourquoi ce serait aux individus de faire des efforts quand on sait que ce sont les grosses entreprises et industries qui crament notre planète en toute impunité ? Est-ce que franchement mon comportement va contribuer à un quelconque changement…? À quoi ça sert si tout le monde continue comme avant ? 

Source : KC Green

Et oui, être jeune aujourd’hui dans une société industrialisée et privilégiée, c’est faire face à toutes ces questions et devoir se dépêtrer de ce sac de nœuds… Encore faut-il avoir le choix… Alors quand on a la chance de l’avoir, n’aurions-nous pas un devoir sociétal et moral de répondre des conséquences que cela aurait sur les populations qui n’ont pas le choix ? 

À celleux qui ont le choix, je vous le demande : S’agit-il vraiment d’un  dilemme cornélien ? Profiter et abîmer ou se sacrifier et préserver ? – Je ne pense pas…

Forcément face à cette nécessité sacrificielle, la première chose à laquelle on pense c’est tout ce à quoi on renonce, tout ce que l’on ne pourra pas vivre. On est pris de la fameuse FOMO (Fear Of Missing Out). Mais si ce virage n’était finalement qu’un nouveau chemin pavé de nouvelles découvertes et gorgé de nouvelles sources de plaisir ? Et si on arrivait à trouver en ce futur peu désirable la joie, l’épanouissement et le bonheur tant désirés ?

La « crise climatique » n’est plus un gros titre dans les médias, c’est une réalité. Une réalité avec laquelle nous devons apprendre à vivre. « Mais comment vivre en ayant connaissance de l’inévitable effondrement vers lequel on court ? » me murmure mon éco-anxiété. On doit bien déjà vivre avec l’idée que la vie a une fin, non ? Alors oui, vous me direz, il ne s’agit pas que de notre propre mort ici, mais de la mort de tout un écosystème, de milliers d’espèces, de notre planète, de l’humanité toute entière… Une broutille quoi ! Mais, tout comme notre éphémérité, on va finir par la banaliser, puis l’oublier… Bientôt, ça ne fera partie que de l’expérience de vivre… Alors à nous d’apprendre à danser sous la pluie ! En tout cas c’est ce que j’ai décidé de faire. 

Salut, moi c’est Laura. J’ai vingt sept ans. Je suis une ancienne surconsommatrice et une repentie de l’avion.

Pendant des années j’ai contribué à l’emballement de la machine climatique sans en avoir conscience. Passionnée de mode et de shopping pendant mon adolescence, je prenais un malin plaisir à financer les grandes enseignes de fast fashion. Puis plus tard, la soif de voyage m’a pris. Avide de découvrir de nouveaux horizons et de me nourrir de nouvelles cultures, j’ai parcouru la terre à coup de kérosène.

Mais un beau jour la raison s’en est mêlée…

Envolés les vols longs courriers et vive les longs trajets de bus et de train (cc Hourrail). Vive l’exploration, l’aventure et les rencontres, que je cultive au quotidien et au coin de ma rue (cc Chilowé et les others). Vive mes mollets qui s’endurcissent des kilomètres que je parcours à pied et à vélo pour faire défiler les paysages. Vive mes mains qui se noircissent de la terre que j’apprends à chérir et à enrichir (cc Wwoof France). 

Aujourd’hui je peux le dire : Je suis jeune et je profite pleinement de ma vie. Je danse sur les tombes de mes passions déchues et plante les graines d’une vie apaisée, plus sobre et plus heureuse. Je suis reconnaissante d’avoir eu l’opportunité et la chance de bien pouvoir profiter dans ma première vie ultra carbonée, mais je compte bien continuer à le faire dans cette nouvelle vie et dans toutes celles qui vont suivre.

Au final ce virage écologique, loin de m’ôter toute opportunité de profiter de la vie et de ma jeunesse, m’a appris une nouvelle manière de l’envisager. Il m’a permis de voir plus loin que le mode de vie imposé et formaté par le monde consumériste. De pion dans la matrice, il m’a permis de m’affirmer en tant qu’individu à part entière et d’accéder à une vie plus riche, parce que plus “mienne”. Au départ d’une démarche motivée par le bien-être commun, il m’a finalement permis d’atteindre mon bien-être personnel.

Est-ce qu’en définitive profiter de la vie ce ne serait pas avant tout sortir la tête du trou de souris dans lequel on nous a enfermé à notre naissance, explorer le champ des possibles et trouver un espace qui nous correspond vraiment ? 

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