MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES

Preux chevaliers fracassent heaumes

Par Charlotte Giorgi

Photo de Ember Navarro sur Unsplash

           

   [Juste un petit mot avant de vous laisser avec cet article : les ami·es, nous avons lancé cette semaine notre campagne d’adhésions pour permettre le financement de nos contenus, c’est hyper important! Si vous voulez nous soutenir, adhérez par ici !]

En ce moment il m’arrive, plus que d’habitude, de croiser des vieux. Des vieux, de droite. Les vieux sont souvent de droite, mais je préfère préciser. Je n’ai rien contre les vieux. C’est juste que, dans ce cas précis, leur vieillesse est ratatinée dans une espèce de fierté mal placée, qui me semble être le cœur du réacteur conservateur. Une vieillesse à quémander les honneurs pour lesquels ils ont travaillé toute leur vie !  Une vieillesse à regarder de travers tout le monde moderne, parce que si c’était eux ils feraient mieux. Une vieillesse à s’écouter monologuer, et à se croire sortis d’affaire des remises en question. Ce que je veux dire, c’est que nous avons ici affaire à des gens qui ont cru batailler toute leur vie et pour qui il est trop tard pour réaliser que ce n’est pas vraiment vrai. Ceux (et celles, mais surtout ceux !) qui ont eu l’habitude de suivre les lignes toutes droites en se donnant l’illusion de faire le bien. De ne jamais demander « pourquoi, au fait ? » et de peu tendre l’oreille. De se faire servir tout en préparant le monde qui saccage aujourd’hui les services publics. D’être de « bons » racistes qui trouvent les Noirs parfois gentils. De donner des mauvaises leçons parce qu’ils en ont reçu des pires.

            Et je me demande à quoi ça peut bien me servir, d’être attablée avec eux. À les étudier, j’enrage : le dialogue est impossible. Leur rentrer dedans pour la dignité du geste serait inefficace mais douloureux, et tenter une percée reviendrait à renverser la moitié de leurs certitudes et à mettre la tête de leur monde à l’envers, ce qui, dans le laps de temps d’une conversation n’est pas possible. Non, je suis condamnée à les écouter, à les voir geindre des problèmes qu’ils ont largement contribué à créer, et vomir des situations créées par des réflexes de pensée dans lesquels ils se complaisent continuellement. Qu’ils soient sur Terre depuis un bail n’y change rien, voire les discrédite davantage. Alors je me permets d’utiliser cette tribune comme un petit exutoire, comme un petit vomi que je ferais de tout ce que j’entends sans broncher, de tout ce petit cinéma dans lequel les vieux dominants de ce monde saccagé se vautrent et auquel on doit assister. Je vous ai ramené des pop corns, et une réflexion que je me suis faite l’autre jour.

            Je me demande souvent par où passe la droite. Mais je crois qu’une partie du chemin pour la rejoindre sur trouve ici : tout est dans l’art et la manière. Il faut asséner des vérités, – rappeler l’urgence d’avoir un chef par exemple –, dire qu’on a raison et que les autres ont tort en contournant la complexité, simplifier le schéma, et reprendre en boucle. L’un d’entre ces vieux, la dernière fois, s’emportaient même à propos de la baisse des services publics (LE concernant, obviously) et employait pour le faire ce ton ignoble de personne à qui tout est dû par le miracle du saint esprit. Je me demande s’ils perçoivent même un peu que les comportements qu’ils adoptent face à chaque situations contredit le cœur de leur discours ? Comment peut-on croire à leur ramassis d’hypocrisie, et surtout, le plus important, comment peuvent-ils y croire ?

            Il me semble que c’est justement dans ce mot que « ça » se niche. Y croire. Une foi. Pas catholique, autre chose. Cette envie d’horizon duquel le regard ne dévie pas, sous aucun prétexte. Quelque chose d’immuable, qui ne sera jamais autrement. Les droitards sont des control freak (attendez je vous vois venir, il y a de très bons control freaks, et des control freaks de gauche – j’en fais souvent partie). Mais les droitards ont cela de particulier que ce contrôle dépasse le présent et le futur, c’est pour ça que je parle de foi. C’est un récit totalitaire, qui englobe l’intégralité des réalités et leur nie le droit d’être. En fait, ce que je veux dire, c’est que les droitards ne vivent pas. Ils avancent. En traînant mes sales pattes dans la vilaine caricature, je pousse même le bouchon un peu plus loin : ils aiment les musées d’histoire, le passé, les traditions, les choses qui se répètent, les couverts dans le bon ordre, les présidents qui se ressemblent, les cravates et les uniformes. Le point commun ? Immuable. La droite ne se laisse pas la possibilité de l’instant, du surgissement. La droite n’a rien à voir avec le vivant. La droite chérit tout ce qui nous éloigne de notre pathétique condition humaine. Le complexe, le désordre, la diversité. Ce qui permet au vivant de survivre en fait. Pour cela il faut dévier. S’adapter sans cesse. Et surtout, écouter. Écouter sans idées préconçues, sans foi aveugle, sans universalisme que l’on plaque un peu partout pour être sûr que notre histoire va être racontée. « ben oui, c’est l’histoire des gentils. Du bien contre le mal. De la civilisation contre la barbarie », pour tout justifier. C’est un peu gros, quand on a détruit la moitié du monde sur son passage, non ?

            Pour tenir, les vieux droitards se cramponnent à quelque chose de froid et pompeux, un entrelacs d’égo, de colères enfantines qui ne peuvent surgir que d’endroits de privilèges absolus, de rejet de l’autre (avec un A majuscule, le différent quoi), d’émotions étouffés par l’assurance. Comme je le dis souvent, il est tellement plus simple et reposant d’être complètement de droite. De participer aux côtés de tous les copains au maintien de ce récit épuré du bien contre le mal, comme des preux chevaliers que le heaume en ferraille empêche de respirer, et qui fracassera avec lui cheval sol et épée dans la chute.

Jours
Heures
Minutes
Secondes

LES ÉTATS GÉNÉRAUX DU SEUM : RDV LE 10 SEPTEMBRE À PARIS !

📆 RÉSERVEZ VOTRE SOIRÉE ! 

Mercredi 10 septembre 2025 de 18h30 à 1h au Point Ephémère à Paris, on vous invite aux Etats Généraux du Seum 🪩

Au programme : apéro, stands militants, talk politique & DJ sets!

On vous reveal le line up à la fin de l’été ! Bloquez la date ;)