MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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Je ne serai pas un point médian

Par Callircé – nourrie par des échanges avec Alyss (de l’équipe) et une amie (pas de l’équipe)

Photo d’Aaron Burden sur Unsplash

“Je déteste le point médian. Perso, je ne l’utiliserai pas. Parce que je refuse d’être réduite à un point après un mot masculin. Moi, je veux mon mot complet, qui me désigne à part entière.”

C’est ce que m’a dit une amie récemment quand on est tombées sur un texte écrit avec le point médian. S’en est suivie une conversation passionnante sur ce qu’on entendait, nous, par “écriture inclusive”, ce qu’elle implique et comment elle se manifeste physiquement dans notre usage de la langue.

Résultat ? Une nuit blanche mais un échange riche comme on les aime !

Parce que s’il y a bien un sujet qui déchaîne les passions quand on en vient à parler de l’évolution de la langue française, c’est l’écriture inclusive. Enfin… Justement, pas vraiment l’écriture inclusive mais bien souvent un point en particulier. Le point médian.1 Alors je me suis un peu interrogée sur cette question. Parce que je pense que l’écriture inclusive ne peut, et ne doit, pas être réduite au point médian.

Car cette porte d’entrée a souvent tendance à cristalliser les réserves (difficulté de lecture, alourdissement des textes..) et les peurs (peur du changement et de l’évolution d’une langue vivante) de certaines personnes pour fermer totalement le débat avec les autres.

C’est dommage car l’enjeu que l’écriture inclusive soutient est crucial. Son essence réside dans la volonté de rendre à nouveau visibles les personnes qui ont été invisibilisées, en particulier les femmes et les personnes s’identifiant comme telles.

Et notre langue a son rôle à jouer. Car elle nous sert à communiquer et elle permet de nommer les idées, les concepts, les personnes pour les faire exister dans la matière. On peut alors les penser et les intégrer dans notre réalité. Car ce qu’on ne nomme pas n’existe pas.

La manière dont on dit les choses est importante car elle montre notre façon d’être au monde.

Mais quand on aborde cette question, elle devient toujours rapidement épineuse car on l’associe immédiatement au point médian.

Pourtant, quand on s’intéresse plus de 30 secondes à ce sujet, on découvre qu’il existe de nombreuses autres manières de rendre l’écriture inclusive. Je ne rentrerai pas dans tous les détails linguistiques et toutes les règles très intéressantes qui existent pour faire vivre et appliquer l’écriture inclusive. D’autres le font bien mieux que moi !2

Mais la réflexion de ma pote, que je rejoins, m’a donné envie de piocher dans ce qui existe pour insuffler plus d’intention à ma manière d’écrire.

J’aime utiliser les “doublons” (écrire auteur et autrice plutôt qu’auteur.ice) ou le neutre (lectorat au lieu de lecteurs et lectrices par exemple) et je suis en amour avec l’accord de proximité (les auteurs et les autrices sont allées faire la fête). Parce que ça me parait naturel et évident. Et surtout ça ne m’oblige pas à utiliser une règle (le point médian) que je trouve trop lourde visuellement et trop clivante. 

Et ça soulève une autre facette très intéressante de l’écriture inclusive : la langue est vivante, par définition elle évolue au gré des changements de notre société. Je trouve que ce n’est pas effrayant mais merveilleux.

Peut-être est-ce un peu inconfortable mais le jeu en vaut largement la chandelle.

Une langue qu’on cherche à figer est une langue qui se sclérose. Une langue qui se sclérose est une langue qui s’appauvrit. Et je pense aussi que c’est ainsi que s’appauvrissent les idées et une société tout entière (oui, rien que ça !).

C’est donc plutôt chouette de prendre du recul et de dépassionner un peu le débat pour s’interroger sur le but premier de l’écriture inclusive : soutenir une société plus égalitaire à travers le langage.

Pour terminer, l’écriture inclusive ouvre une porte essentielle à mes yeux : celle de la responsabilité. Elle nous pousse à nous questionner sur notre usage de la langue française et surtout, elle nous offre l’occasion d’avoir un rôle actif et engagé dans notre manière de communiquer.

Je reste convaincue que le langage est un outil extrêmement puissant dans la lutte contre les inégalités, quelles qu’elles soient. Et l’écriture inclusive est un outil génial pour y parvenir. Il est protéiforme et reste un espace d’invention formidable en perpétuelle évolution, pour peu qu’on accepte de discuter et de chercher ensemble de nouvelles manières de la faire exister. 

Alors aujourd’hui, j’essaye d’écrire au maximum en écriture inclusive et de me l’approprier, à ma manière. Je cherche continuellement les moyens les plus naturels de le faire pour moi. Et non, personnellement ça ne passe pas par le point médian. Peut-être qu’un jour, ce sera le cas. 

Mais pour l’instant, j’aime l’idée d’apporter de l’intention à ma manière d’écrire d’une autre façon. D’une façon qui permette tout de même de faire avancer les choses. D’insuffler des idées d’égalité grâce aux mots que je choisis et l’ordre dans lequel je les aligne. Ce n’est pas encore un réflexe mais ça le devient de plus en plus.

Et ça me remplit de joie car je me revois petite fille, quand on m’a expliqué que “le masculin l’emporte sur le féminin”. Je me souviens du sentiment d’injustice et d’incompréhension qui m’avait traversée.

Comme une sorte de trahison de la part de ce que j’aimais le plus : les mots.

Aujourd’hui, l’adulte que je suis reprend le pouvoir sur eux et décide enfin de casser cette règle pour remettre au goût du jour celles qui ont du sens et qui résonnent en moi.

Autant à travers le fond que la forme.

1  En écriture inclusive, le point médian est utilisé pour regrouper au sein d’un même mot les formes au masculin et au féminin, comme dans un·e apprenti·e par exemple.

2 Sur ce point, je vous invite à visionner la super vidéo de Scilabus « L’écriture inclusive a-t-elle un intérêt ? Quelles preuves ? », disponible sur https://www.youtube.com/watch?v=url1TFdHlSI, et à lire l’ouvrage du collectif des Linguistes Atterrées dans son tract « Le français va très bien, merci », paru chez Gallimard en mai 2023.

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