MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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La Rose et la Bête

Par Rose

Image par Ian Lindsay de Pixabay

Ok. 

Il est 14h43, on est samedi, et j’ai décidé de parler de la colère. Pas la colère politique. Pas la rage face au monde. La colère intime, personnelle, de caractère. Celle qui vous échappe, qui fout en l’air vos relations et qui vous fait culpabiliser avant de dormir. 

J’ai l’impression d’être née avec la mienne. La colère est mon sentiment prioritaire face à toute situation qui ne va pas dans mon sens : une contrariété, une injustice, un imprévu, un oubli, un retard, un changement de plan. Je rêve d’être malléable, adaptable, bonne pâte. Une chouette compagnie. Mais non. Je suis volcan. Tempête. Tornade. Tsunami. Je suis une source de stress pour mes plus intimes puisque prompte à tout foutre en l’air à chaque instant. Ma colère est aussi futile qu’elle m’est nécessaire. Il est un fait qui se matérialise de plus en plus en vieillissant : je ne supporte plus rien. Alors, tout est prétexte au volcan. 

Pêle-mêle, j’ai saigné, hurlé, frappé, autofrustré, explosé, trop gardé, regretté.

La colère est ce monstre qui cohabite mon corps et ma tête. Elle est ma bête. Jamais elle me manque, toujours elle apparaît sans crier gare. Elle surgit, hurle, se déploie. Et je la laisse faire. Il existe un plaisir dans l’interdit et dans la toute puissance. La colère confère de la puissance. Elle trompe en vous faisant croire que vous êtes grand, que vous êtes fort, et que vous êtes juste. Elle crie au scandale. Et la bête a faim, elle a besoin d’être nourrie. Et c’est un bonheur de contenter l’affamée. Et quand la bête est repue, elle se retire, elle se cache dans l’ombre, elle se rétracte. Elle laisse la place à la honte. Parce que souvent la bête oublie qu’elle n’habite plus dans la jungle, qu’elle ne lutte pas pour sa survie, qu’il n’existe aucun complot et que le scandale est un non-lieu. 

La colère ne connaît ni mesure ni proportion. Elle connaît seulement nos propres murs. Et face à eux, elle ne contourne pas. Elle tape dedans. 

Je comprends, timidement, par à-coups, que ma colère parle de moi. Elle traite de l’espace qui existe entre moi et le monde, et qui se rétrécit, vertigineusement. Quelle image a-t-on de soi-même quand toute altérité est vécue comme une injustice ? Quand l’extérieur devient une agression perpétuelle ?  Quand chaque personne qui vous coupe la route est une preuve supplémentaire qu’on ne vous respecte pas ? Et quand on ne vous respecte pas, c’est la bête qui se réveille. Elle hurle à votre place. Elle barricade votre corps. Elle est hache et bouclier. 

J’entraperçois, timidement, par à-coups, que ma colère est miroir de mon défaut total d’assertivité. À dire ce que j’aimerais. À oser. À d’abord me respecter. À arrêter de croire que le non s’accompagne d’un désamour. À comprendre qu’on peut vivre sans constamment faire plaisir et plaire sans le chercher. À intégrer qu’on ne perdra ni sa valeur, ni ses capacités, ni même sa vue si on assume de dire non, si on admet préférer autre chose, si on accepte sa tristesse et qu’on reconnaît être blessé.  Puis mettre en perspective. Se rappeler que la personne qui nous a coupé la route ne l’a jamais fait contre nous. Elle l’a fait parce qu’elle pensait à un jardin au printemps, et qu’elle n’a pas fait attention. Elle non plus, elle ne fait pas toujours attention. Elle aussi, elle fait certainement de son mieux. 

Garder sa colère pour le vrai danger donc, le politique, les grands combats. Mais cesser de la diriger contre ceux qu’on aime. Qui subissent, qui rentrent leurs épaules, qui deviennent silencieux. Parce que la bête est féroce et que sa mauvaise foi est féconde. 

Ma colère raconte mes vides, mes peurs et mes murs. Elle s’exprime par secousses au lieu de me laisser le faire avec confiance. Peut-être qu’il est temps que j’apprivoise la bête. Et qu’elle me laisse me défendre. À moi hache et boucliers, perspectives et proportion.

C’est décidé.

Il est temps d’abattre mes murs, de m’imaginer guimauve et de me faire soigner.

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