Par Callircé
“Il faut une prise de conscience massive.” Cette phrase répétée à tout bout de champ quand on parle des crises que nous affrontons n’a jamais semblé tomber autant à côté. Notre génération a dépassé ce stade depuis un moment nous confirme notre autrice du jour, et s’attache à une question bien plus concrète : comment traduire nos consciences en des engagements féconds? C’est la question que se pose Callircé, comme une introduction à ses chroniques futures sur Motus.

[Juste un petit mot avant de vous laisser avec cet article : les ami·es, nous avons lancé cette semaine notre campagne d’adhésions pour permettre le financement de nos contenus, c’est hyper important! Si vous voulez nous soutenir, adhérez par ici !]
Au début, c’est comme un murmure dans ta tête. Une petite rengaine qui dit « Et toi, tu fais quoi pour faire bouger les choses ? ». Et puis un jour, ça explose. Tu n’entends plus que ça. T’as ce besoin irrépressible de passer de spectateur.ice rongé.e par l’impuissance à acteur.ice engagé.e.
Mais ça veut dire quoi s’engager aujourd’hui ?
Cette question m’obsède depuis un moment. Parce que j’ai peur. Peur de ce monde qui brûle, qui se noie, qui se déchire et que l’espoir abandonne peu à peu. Et parce que j’ai honte aussi. Honte de voir la fragilité qui le gagne peu à peu, année après année, à cause de notre mode de vie toujours plus vorace et destructeur.
Dis-toi que si l’histoire de la planète était ramenée à une journée de 24h, on apparaîtrait vers 23h58. Et c’est seulement en 150 ans, soit 1/5e de seconde (à peine un battement de cil), qu’on a meurtri de façon irréversible notre maison. Si peu de temps passé sur la planète bleue et pourtant si prompte à la noircir avec notre cupidité et notre démesure.
Et la facture devient de plus en plus salée.
Bon, et une fois qu’on a fait ce constat, c’est quoi la suite ? Au milieu de tout ce bordel, l’être humain a quand même une capacité précieuse qui est l’adaptabilité. Il arrive parfois à se remettre en question (c’est rare, voire difficile, mais c’est possible, promis juré) et à ajuster le tir. C’est ce que nous lèguent toutes ces personnes qui se questionnent sur leurs choix de vie, celleux qui nous éduquent sur les questions écologiques, celleux qui agissent à leur échelle pour faire bouger les lignes et redessiner un semblant de chaîne.
Plus je réfléchis à cette question d’engagement, plus je me dis qu’il a en fait 1001 visages. Il prend le nôtre, il est unique et il se doit de nous ressembler. C’est la force de notre singularité qu’on apporte à la lutte collective. On s’engage avec nos moyens, à notre rythme et avec nos convictions, pour combattre ce qui nous indigne et défendre ce qui nous touche. Et surtout, il doit se traduire par des actions qui résonnent profondément en nous. Sinon il perd tout son sens.
Moi, j’ai choisi de m’engager d’abord en m’éduquant. Je ne veux plus dire « Je ne savais pas ». La connaissance est un pouvoir et j’ai envie de l’utiliser à bon escient. Alors je lis, j’écoute des tonnes de podcasts, je regarde des docus et des vidéos Youtube. Tout ce que je trouve. Ce qui compte, c’est de savoir pour comprendre, comprendre pour agir.
Et puis j’écris. Parce que ça s’impose toujours comme une évidence. 2023 n’est pas une année de prise de conscience. Ma génération a dépassé ce stade depuis longtemps. Nos sourires candides ont laissé place à une colère sourde au creux du ventre. 2023 est pour moi une année où j’agis. Alors j’ai choisi de prendre ma plume et ma volonté pour crier ma révolte et décortiquer ce monde que je ne comprends plus. Pour apaiser ma peine face à tout ce qu’on lui fait subir et tenter de calmer mes angoisses dévorantes.
La petite nouveauté, c’est que maintenant je partage mes pensées, notamment depuis que j’ai rejoint l’aventure Motus et Langue Pendue. Je ne reste plus seule dans mon coin. Si l’engagement part de soi, il se nourrit du collectif. Des idées mises en commun, du soutien qu’on s’offre les jours de découragement, de l’ouverture d’esprit qu’il implique et de ce sentiment si particulier qui nous traverse quand on se sent connecté.es aux autres. Il a une dimension personnelle certes, mais il est surtout fait pour être partagé. Cette année, j’ai compris que j’avais très envie de marcher avec d’autres personnes dans la bonne direction. De semer l’engagement pour récolter le changement.
PS : l’espoir n’est pas mort, en tout cas pas cette année encore.