MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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Profession de foi – édito d’hiver

Par Charlotte Giorgi

Photo de Nikko Tan sur Pexels.com

On est le 5 janvier 2024, il y a presque un an. Je suis seule à Annecy. Première fois seule depuis un moment, et première fois à Annecy. Quelques jours plus tôt, j’ai fait une crise de nerfs. J’ai tellement pleuré que j’avais l’impression que j’allais mourir. Au milieu du salon, dans la morve et les reniflements. Alors je suis partie. Annecy comme un appel d’air, on ne sait pas trop pourquoi, parce qu’il y a le lac et la montagne. Depuis que je suis là je marche. J’arpente la ville, en long en large et en travers. J’écoute le même son en boucle, et rien d’autre. J’essaie de faire sens avec les pensées qui me traversent, et de les semer en route. 

Ma tête est un grand brouillard, cimetières de toutes les énergies de l’année passée, qui m’ont laissée exsangue, extrêmement fatiguée et en manque de questionnements. Tout passe, les mêmes crises et les mêmes revendications, les mêmes jours et les mêmes réveils au lendemain. J’avance au milieu du marché de Noël comme j’ai avancé ces derniers jours, à la force de l’habitude, et au dégoût du sommeil. Il me faut de l’air. Plus que l’oxygène de la montagne, je sens que j’ai besoin d’une respiration plus grande, d’un quelque chose qui décollerait mes poumons rabougris. D’un espace d’immense, où je pourrais m’étirer, et sortir un peu de moi. 

En marchant, la nuit tombe. Il fait froid mais je suis bien couverte, avec un bonnet qui fait ressortir la couleur de mes yeux. Dans la brume du soir, j’aperçois un bâtiment qui fait comme un château, un peu plus haut dans la colline. C’est une église. Elle semble loin mais je me sens portée par je ne sais quoi. Je me mets à marcher au lieu de rentrer.

J’ai besoin d’aller là-haut. M’abriter dans cet espace millénaire. Où tant de gens ont confié leurs pensées, se sont retrouvés, réunis, avec eux-mêmes, avec leur communauté, avec quelque chose de plus grand. 

Je viens d’une famille chrétienne mais j’ai toujours ricané dans mon coin pendant les messes auxquelles j’ai été obligée d’assister, et ce n’est pas mon éveil politique qui m’a réconciliée avec toute forme de religion. Alors l’athée en moi résiste d’abord un peu à cet appel d’une vieille église dans la nuit, à ce besoin de renouer, tout d’un coup, avec une forme de spiritualité. S’asseoir et fermer les yeux, sous les voûtes, en confiant des souhaits et des désirs à l’extérieur de soi, à cette entité qui n’a ni forme ni couleur. En trouvant, au fond du fond, ce qui reste de foi. Comme une question posée à l’univers, comme si nous étions cette question éternelle rendue vivante : pourquoi ? comment ? à quoi bon ? 

J’arrive finalement, un peu essoufflée et les jambes fatiguées, dans cette église. Elle est déserte, et des chants religieux font écho au silence des murs. Des cierges brûlent, et j’aperçois une petite boîte dans laquelle il est possible de déposer des doléances. Je demande, moi l’athée, à ce qu’on prie pour les enfants de Gaza, pour les miens et pour mon amoureux qui ne parvient plus à aimer rien du tout. Ce sont des trucs forts, que j’ai au fond du coeur et qui l’alourdissent. Je reste un long moment dans cette église. Je ne pense pas, je suis juste là. Au chaud et à l’abri dans cette nef interminable, qui me fait sentir le poids des siècles et des questions des gens. 

Souvent cette année, j’ai repensé à comment elle avait débuté pour moi. Dans cette espèce de mystique de Noël, dans une église de Haute-Savoie. J’ai renoué avec les églises depuis. Je sais qu’elles m’apaisent. Pas pour ce qu’elles transportent de vices et vicissitudes. Pas pour les règles, le cadre, et les pouvoirs qu’elles irriguent encore aujourd’hui. Justement, pour ce qu’elles permettent de faire jaillir qui permet de s’en extraire. Une foi. En n’importe quoi, même pas définie, pas très claire. Juste prompte à apparaître dans ces lieux où on l’a tant cherchée avant nous. 

Mayotte vient d’être ravagé par un cyclone climatique après l’avoir été par l’indifférence politique. Un énième premier ministre a été nommé, que l’on connaît déjà et qui ne change rien. Des procès importants ont eu lieu, contre des violeurs ou contre des détourneurs de fonds d’extrême-droite. Bref, cette année encore, entre deux moments où je me suis réfugiée dans des églises, la marche du monde a continué. Elle n’est ni triste ni heureuse, elle est. Et pour faire avec, pour espérer mieux et empêcher le pire, je crois que bizarrement, ce que je nous souhaite collectivement pour 2025, ce serait la foi. 

Une foi qui permet de transformer notre rapport au temps, en lui arrachant des moments d’introspection, de questionnements sans réponses pré-mâchées, et d’immensité. 

Une foi qui sert d’appui à des moments de beauté et de grâce collectives, que l’on peut partager, qui peut nous apprendre l’empathie et l’humilité, et donc le lien. 

Une foi en nous surtout, en notre capacité à cultiver ces espaces immenses que nous renfermons. Pas pour les exploiter, les fouiller ou les vider. Pour les laisser exister, pour rien, comme ça, parce qu’il ne sert à rien de savoir à quoi ils sont utiles pour qu’ils le soient. 

À vous chers amis, à 2025, et à “toute adhésion ferme et fervente à l’esprit de quelque chose”. 

On se retrouve en janvier!

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