MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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Une étoile jaune sur le coeur – Turbulences

Par Laura Wolkowicz

Photo de Keren Fedida sur Unsplash

Il y a quelques mois j’écrivais la première version de ce billet suite à l’initiation des mandats d’arrêts de la Cour pénale internationale (CPI) contre Benyamin Nétanyahou, son ex-ministre et le chef du Hamas présumé mort, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. À l’heure où je suis en train de le retravailler, un cessez-le-feu a été signé entre Israël et la Palestine, Elon Musk a fait un salut nazi à la cérémonie d’investiture et nous nous apprêtons à célébrer les 80 ans de la libération d’Auschwitz et la mémoire de l’Holocauste.

J’écris ces lignes en fixant la bougie que j’ai allumée en souvenir de la famille que je n’ai jamais connue et de toustes ces autres inconnu·es décédé·es dans la Shoah. Se souvenir pour ne pas oublier, se souvenir pour ne pas répéter. Et pourtant… Depuis il y en a eu bien d’autres des génocides : celui des Khmers, celui des musulmans bosniaques, celui du Rwanda et plus récemment, le génocide palestinien. Et ce dernier est perpétré par des personnes qui, chaque année, se dressent fièrement devant le mémorial de Yad Vashem pour commémorer leurs ancêtres génocidé·es.

Disclaimer : Pour celleux qui douteraient encore de l’utilisation d’un tel mot pour le conflit israëlo-palestinien, je vous laisse méditer sur la définition du terme tel que défini par l’ONU en 1946 : « un déni du droit à la vie des groupes humains » « des actes commis dans l’intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel »

En tant que descendant·es de ressortisant·es de la Shoah, on aurait pu croire que l’on aurait été plus concerné·e et sensible à ce sujet, mais je me suis très vite rendue compte que c’était loin d’être le cas…

Personnellement, au retour des vacances, en septembre, l’expansion et l’escalade de la violente offensive israélienne m’ont fait lentement descendre six pieds sous terre. D’abord habitée par le feu de mon opposition à tout ce bordel, est ensuite arrivé l’anniversaire du 7 Octobre et la prise de conscience qu’un an après, malgré toutes les images horribles qui ont défilé devant nos yeux, les mentalités de mon entourage n’avaient que peu changé.

« Comment..? » « Pourquoi…? » Je n’avais pas de mots pour exprimer mon incompréhension. Je n’avais pas la prétention de vouloir imposer mon opinion et ma position au reste du monde, mais pour moi il s’agit tout simplement de faire preuve d’humanité que de reconnaître le massacre qui est en train d’être réalisé.

Alors, frappe après frappe, territoire envahi après territoire envahi, je me suis murée dans le silence de la honte, anéantie par la rage et surtout immobilisée par la solitude. Même si j’étais entourée de personnes partageant ma position, je me sentais seule juive dans mon opinion. Et j’avais honte.

Quand je regardais et parlais avec mes amies d’origine iranienne, Karimeh et Nogol, j’avais honte. Quand ma coloc me racontait à quel point son copain libanais était angoissé par l’insécurité qui frappait ses parents à Beyrouth, j’avais honte. J’avais honte mais surtout je me sentais concernée. J’avais envie de m’excuser pour cet homme et toutes les personnes qui agissent sous sa direction dans cette vaste entreprise d’extermination, simplement car nous sommes relié·es par la même origine religieuse.

Je ne sais pas pourquoi cette dernière année j’ai autant laissé mon origine culturelle et religieuse me définir. En soit je n’ai pas besoin d’avoir un avis sur la question, mais je n’y peux rien, ça me remue le bide, ça tend mes zygomatiques, ça me prend la tête, ça m’entaille mon identité…

Au-delà de ma judéité, ça enflamme simplement mon humanité. 

Alors M. Nétanyahou, avec tout le respect que je ne vous dois pas, quand vous criez à l’antisémitisme et faites référence à sa montée au 20e siècle avec l’affaire Dreyfus pour vous défendre des accusations de la CPI, je ne peux pas rester assise derrière mon mur de la honte et vous laisser vider de sens mon identité. Parce que c’est ce que vous perpétrez depuis des années et des années : une lutte au nom des juif·ves alors qu’on ne vous a rien demandé. Faites-le au nom des israélien·nes, faites-le au nom des sionistes, mais ne le faites pas en mon nom.

On m’a dit un jour que c’était malvenu de la part de la descendante de ressortissant·es de la Shoah que je suis de m’opposer à la politique expansionniste d’Israël. Mais c’est justement parce que j’ai été élevée dans les cendres de l’antisémitisme et la mémoire de l’holocauste, que je refuse la perpétuation de cette boucherie que vous menez.

Vous m’avez fait ressentir la honte de mon identité comme mes ancêtres ont dû la ressentir. Mais pour reprendre les mots d’une brave femme, « aujourd’hui la honte change de camp ». Je ne peux rien y changer, je suis née avec une étoile jaune sur le cœur. Je ne veux rien y changer. Je veux arrêter de m’entailler le cœur en essayant de la retirer. Elle est mon histoire, elle est mon héritage et je l’accepte. Enfin.

Je suis juive certes, mais je suis avant tout humaine. Et c’est avec toute mon humanité que je vous enjoins de retrouver la raison, de vraiment cessez-le-feu en Palestine, d’arrêter de persécuter et d’éradiquer nos frères et soeurs palestinien·nes qui, comme nos ancêtres en 39, ont un droit à la vie auquel vous ne pouvez vous opposer. 

Non cordialement,

Une humaine désarmée


PS : oui, un cessez-le-feu a peut-être été signé, mais les dés sont loin d’être jetés, la paix est loin d’être installée, les dommages sont loin d’être réparés et la violence perpétrée est loin d’être arrêtée. Je vous invite à lire ce post très bien détaillé pour mieux comprendre la situation.

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