MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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(Not) coming out – Turbulences

Par Laura Wolkowicz

Photo de Isi Parente sur Unsplash 

Ceci est l’histoire plutôt banale d’une personne qui pendant 28 ans se pensait hétérosexuelle. Mais qui, après un long travail de déconstruction à soulever toutes les couches de sa construction sociale et de son éducation, se rend compte que : pas vraiment en fait.

Je dis banale car elle n’est pas unique mais nous sommes loin d’être une majorité, sinon il n’y aurait pas des gouvernements qui cherchent à limiter les droits des personnes LGBTQIA+…

Et pour éviter toute confusion, je ne me suis pas transformée, je ne me suis pas convertie ou je ne sais quelles autres conneries que les gens qui ne sont pas nos alliés auraient inventées. Mais ayant été biberonnée aux contes de princes charmants, ayant aspiré des dizaines de teen novels et comédies romantiques dépeignant des relations exclusivement hétérosexuelles pendant mon enfance et mon adolescence et ayant fouiné dans les magazines féminins que lisait ma mère, je suis restée bien sagement dans cette voie qui me semblait unique.

Je ne peux pas dire que j’étais malheureuse ou même contrainte dans cette réalité puisque je suis bien attirée par les personnes du sexe opposé.

Je n’étais juste pas entière – pas entièrement moi-même.

Si je mets de côté mes premières années, pendant lesquelles j’étais assez fluide en terme de genre et de démonstrations affectives avec mes amies, par la suite, j’étais tout de même bien ancrée dans le moule sociétal hétérosexuel. Je balayais d’un revers de la main toutes les accusations qui voulaient me coller une étiquette de lesbienne (cause : mon absence de relations romantico-sexuelles avec les hommes ou le fait que je reconnaissais et exprimais la beauté d’une femme). À l’époque je ne faisais que fantasmer sur ce prince charmant qui viendrait chambouler ma vie en écoutant du Taylor Swift. J’avais déjà assez souffert de harcèlement pour ne pas vouloir attirer les regards : je m’efforçais à être la plus banale et transparente possible. 

Puis dès l’approche de l’âge adulte, équipée d’un esprit critique aiguisé, j’ai commencé à vivre par moi-même et à m’autoriser à suivre les chemins alternatifs qui m’intéressaient plutôt que la voie “royale” que mes parents m’avaient tracée depuis mon enfance. Finies les études scientifiques, les carrières socialement valorisées, l’aspiration à grimper les échelles et devenir manager, la recherche infinie de K en plus, le salariat, la monogamie et… le couple hétérosexuel.

Ça a commencé un soir de juillet, il faisait beau, il faisait chaud, et j’étais en festival à communier en harmonie avec la foule sur des notes électroniques.

Elle était là.

C’était une amie que je ne connaissais que depuis peu. Et ce soir-là mon regard a changé sur elle. Je la trouvais belle. Je lui trouvais un charme fou. Ce soir-là, sous ces grands arbres, j’avais envie qu’elle m’embrasse. Je ressentais une attirance magnétique. L’envie de fusionner nos corps. J’avais envie de sentir et connaître le grain de sa peau. Je guettais en vain le signe que je n’étais pas la seule à sentir ce qui était en train de se passer… Mais je n’ai pas sauté le pas et elle, non plus… Une fusion rêvée qui a plané tel un mirage sur cette clairière, restée à jamais cristallisée dans l’air chaud de cette soirée d’été festive. Et moi je suis rentrée, inchangée, comme si de rien n’était.

Puis je suis partie à Madrid. Je ne le savais pas encore mais c’était LA ville queer par excellence. Pour moi qui crois très fort au destin, ceci n’est pas un détail dans mon histoire, au contraire, je pense que ça a été un facteur déterminant – ou plutôt un terrain fertile pour mon éclosion. Une sorte de voyage initiatique à la Candide. Et à partir de là, cette expérience de juillet s’est démultipliée, dans la rue, dans un café, à une réunion transféministe, dans une librairie…

À mesure que mon attirance pour les femmes se répétait, je commençais à m’interroger sur ce que cela voulait dire pour ma sexualité. Étant dans une relation, certes non-monogame, mais hétérosexuelle, je n’arrivais pas à me dire queer, bisexuelle ou pansexuelle. Et pourtant cela faisait déjà plusieurs années que je fréquentais des cercles et événements queer – car je m’y sentais bien, moi-même et à ma place. Mais je ne me sentais pas légitime car je datais un mec et je n’avais pas passé le cap de la relation avec une autre femme. Tout ça n’existait que dans les chimères de mon esprit et ne s’était pas matérialisé dans la réalité.

Alors même si cet éveil n’est pas encore terminé, je suis reconnaissante. Contrairement à de nombreux récits de proches ou d’inconnu·es que j’avais pu entendre, il s’est jusqu’ici passé tout en douceur et bienveillance. J’ai eu la chance d’avoir un partenaire lui-même bisexuel et des ami·es queer qui ont pu m’accompagner dans mes questionnements. Mais surtout c’est en commençant à fréquenter de plus en plus les milieux LGBTQIA+ et en m’entourant de personnes avec un destin similaire que petit à petit je me suis affirmée et j’ai commencé à le dire fièrement : JE suis queer, JE suis pansexuelle.

Au fond, est-ce que cela change pour autant mon identité ? J’ai un peu l’impression d’avoir mué et d’être devenue papillon. Je vis ça comme un retour à l’adolescence avec la nervosité de la nouveauté qui ne quitte pas le fond de mon ventre et la maladresse de l’inexpérimentée. Mais comme Rose dans son billet de décembre, je n’ai pas envie que cette nouvelle identité me “rétrécisse”.

Même si je me sens de plus en plus moi, ma personnalité, elle, n’a pas bougé. Je suis toujours qui je suis foncièrement, donc je ne vois pas pourquoi il y aurait besoin d’en faire un sujet – dit-elle en écrivant tout un billet dessus… Alors pour moi, pour nos éveils, pas de “coming-out” programmé !

(Mes parents me découvriront d’ailleurs peut-être en lisant ces lignes)

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Turbulences, ce sont les chroniques d’une femme cis blanche, privilégiée et puis hypersensible qui décide de s’emparer et de décortiquer les turbulences sociétales qui la bousculent. Un petit plongeon dans l’œil de la tempête pour un grand bain de prises de tête.

 

 

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