Par Laura Wolkowicz
Laura vous parlait il y a quelques temps de sa sortie du placard. Mais à la sortie du placard, le gros souci qu’on ne dit pas trop, c’est qu’on peut encore se prendre une porte. Revendiquer une identité queer ne coïncide pas forcément avec un chemin d’émancipation par défaut. ⤵️
Depuis que je me sens moi, queer, je cherche l’arc-en-ciel partout. Sur les oreilles des gens, dans leur façon de s’habiller, dans leur attitude, parce qu’iels fréquentent tel endroit, parce qu’iels ont tels ou telles ami·es… Et je ne peux m’empêcher de me demander : « Iel aussi ? ».
Je cherche à me connecter à mes « semblables », je cherche à m’intégrer dans la « commu », j’explore mes désirs et attractions, mais surtout en me baladant sur cet arc-en-ciel, je me cherche et je cherche où je suis, moi, dans cet arc-en-ciel.
Vous voulez jouer une partie d’Où est Laura ?
Direction l’incroyable monde queer. Un monde rempli de courageux·ses ayant décidé de quitter l’avenue principale de l’hétéronormativité pour la contre-allée de la dissidence sexuelle et genrée. Un monde rempli de courageux·ses qui ont simplement décidé d’être elleux mêmes à contre-courant de la société. Un monde festif qui répond par la joie, la fierté et la liberté d’être et d’exister, à la colère et aux critiques du monde extérieur. Quand j’y pénètre je me mets à flotter de légèreté et à rayonner de joie. Il n’y a pas de doute, ma place est ici.
Le fabuleux monde queer regorge de magnifiques « créatures », les gays, les lesbiennes, les transsexuels, les asexuels, les intersexes, les non-binaires, les bisexuels, les pansexuels comme moi et la liste continue encore.
Plus je m’enfonce à la découverte des tréfonds de cet univers fantasmagorique, plus je me rends compte que c’est loin d’être fini et qu’il existe encore plein d’autres sous-catégories. Tu es plutôt Butch (une femme lesbienne qui a une présentation de genre masculin) ? Fem (une femme lesbienne qui a une présentation de genre féminin) ? Masc (autre terme pour désigner une butch) ?
Je suis obligée de choisir ? J’adore les paillettes, porter des jupes et du rose mais j’aime tout autant mes chemises à carreaux et mes Van’s. Qui plus est on m’a toujours dit que j’avais une énergie plutôt masculine. Mais je ne me sens pas pour autant non-binaire… Est-ce que je suis obligée de rentrer dans une case ?
Parce que même la communauté LGBTQIA+ n’échappe pas à la logique sociétale cherchant constamment à labelliser les gens et les enfermer dans des tiroirs bien rangés .
J’avoue que je m’attendais à plus d’ouverture, de liberté et moins de formatage. Mais après tout, la culture queer est une culture comme une autre, avec son lot de codes et de normes auxquels il faut chercher à se conformer en tant que nouveaux·elles arrivant·es si l’on veut espérer s’intégrer.
Ce que je croyais être ma quête d’identité et d’individualité me fait au final plus penser à un meuble en kit Ikea assorti d’un mode d’emploi impossible. Quelle déception pour mon désamour du conformisme. Vais-je réussir à me faire ma place au sein de la communauté queer ? Je commence à en douter…
Je ne cherche pas à masteriser la queerness, à dévorer tous les bouquins, à écouter une montagne de podcasts sur le sujet ou à suivre à la lettre un rite d’initiation. Je veux juste être moi. Et ça ne peut être le cas qu’en me faisant ma propre expérience et ma propre impression.
Alors je continue à arpenter l’arc-en-ciel, en quête d’inspiration et de représentations, à la rencontre des fabuleuses personnes qui le peuplent. Car comme je vous le disais dans mon précédent article, c’est par manque de représentation que je suis restée bloquée dans le placard exigu de l’hétérosexualité. Il est donc temps que je dépoussière les étagères de ma bibliothèque intérieure et que je les remplisse de nouvelles références.
Tout au long de ma route, je collecte tous les fragments qui font briller mon âme et je les couds au patchwork de mon identité en espérant qu’un jour il sera complet et que je pourrais le montrer fièrement au reste du monde :
Je suis peut-être une queer en carton mais je suis queer à ma façon.
Disclaimer : Mon récit désigne mon expérience personnelle, limitée à un environnement donné (les espaces queer où je suis allée et les personnes que j’ai rencontrées à Madrid) et ne représente en aucun cas une universalité de la communauté et culture queer.
