Par Soldat Petit Pois

Il y en a dans tout ça, qu’on a toujours l’impression de trop entendre et de ne pas assez écouter. Il y en a qui représentent une objectivité, qui, paraîtrait-il dans notre époque est la seule vertu qu’on puisse suivre les yeux fermés. Il y en a qui travaillent d’arrache-pied à documenter les saccages, et pourtant, ce n’est jamais suffisant. Eux, elles, ce sont les scientifiques. Les blouses blanches comme on les appelle – et leurs tours d’ivoire.
Leurs tours d’ivoire, vraiment?
Une partie des scientifiques de notre temps n’en peut plus de ce mythe. De ceS mythes qui entourent leurs travaux de recherche consciencieuse. La méthodologie scientifique garantit une objectivité des faits, mais la science n’a jamais été neutre. Tout a un sens, tout a une direction, et si l’on travaille en pensant l’inverse, alors c’est là que pas mal de problèmes pointent le bout de leur nez. Dont celui d’une crise écologique documentée scientifiquement, mais dont les données peuvent être utilisées dans un sens ou l’autre de l’histoire. Ce sont des scientifiques excédés par la dépolitisation de leur milieu, par le peu de conséquences concrètes que produisent leurs actions et sûrs cependant que l’imaginaire de la blouse blanche peut contribuer à la lutte politique de notre siècle, dont je veux vous parler aujourd’hui. Vous les avez sans doute entendu, ces histoires de scientifiques qu’on présente comme désespérés, qui se jettent dans la désobéissance civile, se font arrêter pour alerter… Iels ne sont pas forcément désespéré·es, vous verrez, mais bien politisé·es, et déterminé·es à mettre du sens dans le travail de leur vie. Ils forment un collectif international que l’on appelle les Scientifiques en rébellion, et c’est l’un d’entre eux, Jérôme Santolini, qui a accepté de discuter avec moi dans un café juste après la COP en décembre. On a parlé d’objectivité, des COP, de ne pas créer la panique, de mal qui vient et de bien qui vient, et puis de ce qu’apportent les scientifiques et leurs blouses dans les actions écolos.