MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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Turbulence #3 – N’avez-vous jamais rêvé de disparaître ?

Par Laura

Photographie par Arthur Silve (@oups_cest_flou)

N’avez-vous jamais rêvé de disparaître ?

Je vous le demande très sincèrement parce que moi ça m’arrive régulièrement. Ce matin encore par exemple, je me réveille et comme à mon habitude, j’allume ma boîte de connexion aux autres pour regarder l’heure. Et bim me voilà aspirée pour une heure (Note : ne plus regarder mon téléphone dès le réveil). Les titres, les images, les vidéos défilent devant mes yeux : les émeutes au salon de l’agriculture, la Macronie méprisante, le courage et l’indignation de Judith Godrèche aux Césars, la répression policière violente de la ZAD de la Crem’arbre… Pompée, atterrée, horrifiée, je fais disparaître tout ça d’un mouvement de doigt. Extinction des lumières. Disparaître. J’aimerais disparaître de ce monde de brutes, de lutte permanente.

J’ai une autre confession à vous faire.

J’ai une drôle de colocataire un peu envahissante avec qui je dois partager mon corps.  Elle aime bien s’asseoir sur ma tête et me rendre encore plus petite que je ne le suis déjà. Elle aime bien me susurrer à l’oreille des choses pas très sympa. Elle est cette voix incessante bloquée dans une boucle d’insatisfaction de mes moindres actions et réactions. Elle adore jouer avec les connexions de mon cerveau et débrancher quelques fils pour le faire patiner. Le soir au moment de me coucher, elle tourne en boucle dans sa petite roue d’hamster pour me garder éveillée. Et la nuit, elle est tellement au taquet, que je me réveille fatiguée.

J’ai le plaisir de vous présenter cette fausse amitié que j’ai avec mon amie l’anxiété.

J’ai longtemps essayé de m’en débarrasser, mais dans mon corps c’est comme si une trêve hivernale éternelle avait été déclarée et impossible de la déloger. Cachets, plantes en tout genre, chien tête en bas, « resting child pose », pranayama, j’en ai eu ma dose… Je vous rassure quand même, des fois elle me laisse des pauses. Mais à peine je me réjouie de son départ, que la voilà qui repose son bazar. Qu’est-ce que j’en ai gaspillé de l’énergie pour essayer de la faire partir de ma vie. Mais je crois qu’aujourd’hui il faut juste que j’accepte sa présence et que je stoppe la résistance. Il faut que j’apprenne à cohabiter avec mon anxiété si je veux réussir à survivre dans ce monde intense, incessant et d’une violence inouïe. Alors oui je vous avoue que des fois j’ai envie de disparaître. D’ailleurs je n’en suis pas fière, mais j’ai déjà réussi à le faire… Retour en arrière.

Mars 2020 – L’humanité est enfermée, les soignant·es sont au premier rang tentant de sauver des millions de patient·es du virulent virus qui nous a toustes assiégé. Cloîtré·es, on essaye de se donner un semblant de dignité face à notre inutilité en les applaudissant à notre fenêtre, qui laisse apercevoir une lueur d’espoir : on parle de faire les choses différemment, un halo de bienveillance semble commencer à pointer le bout de son nez alors que tous les soirs chacun·e attend anxieusement le décompte des décès.

Mars 2020 – Pendant ce temps dans un monde parallèle – Mon corps m’a lâché. Assignée à mon canapé, il a refusé d’être confiné et a juste décidé d’arrêter de fonctionner. Abandonnée par mon ancre, je me suis réfugiée dans une bulle de sérénité, incapable de processer cette nouveauté. Déconnectée des actualités, de mon téléphone et des monstruosités du monde extérieur, j’ai basculé dans une autre réalité. Je me suis construit un nouvel univers intérieur nourri par cette lueur d’espoir qui m’a également frappée un soir que je tapais des mains sur mon balcon pour partager ma compassion. 

Mai 2020 – Quelle liberté, nous voilà déconfiné·es ! Je redécouvre la beauté de mon quartier, je relie avec mes chères amitiés, tout ça, derrière le filtre de mon altérité. Cette redécouverte du monde extérieur fait craqueler les murs soigneusement isolés de mon studio avec vue sur mon mirage durement édifié. Plonger, creuser, m’enterrer. Après avoir voulu disparaître du monde, c’est ce même monde qui m’a fait disparaître.

Oui le problème avec le fait de disparaître, c’est quand il s’agit de réapparaître… Le choc de son monde imaginé contre la réalité est souvent brutal. Solution testée et non approuvée. Alors comment faire quand des fois on n’arrive pas à supporter le monde dans lequel on est né ? Comment faire quand nos fils d’actualité deviennent juste une entrave à notre sérénité ? Je n’ai sincèrement pas trouvé la solution miracle… Mais aujourd’hui j’ai décidé d’empoigner ma plume et de coucher sur le papier ce qui me tracassait et j’ai le plaisir de vous annoncer qu’à la fin de l’écriture de ce billet, mon anxiété s’est calmée 🙌

Une lueur d’espoir pointe à nouveau son nez depuis ma fenêtre. Agir plutôt que subir. Serait-ce le remède à tous mes problèmes? Reprendre le contrôle en partageant, en sensibilisant, en manifestant, en poussant la réflexion, en exprimant son opposition, en menant des actions, en construisant des solutions. Alors certes, des fois, face à l’inefficacité de notre activité, on peut vite retomber dans notre puits agité·es de fragilité (comme ont pu nous le raconter Charlotte et Enthea dans leur article sur l’expérience du burn out militant). Mais personnellement, pour essayer de mater mon anxiété, j’ai décidé d’être dans l’action plutôt que de me retirer de l’équation. Être ou disparaître, telle est ma question.

Turbulences, ce sont les chroniques d’une femme cis blanche “privilégiée” hypersensible qui décide de s’emparer et de décortiquer les turbulences sociétales et personnelles qui la bousculent. Un petit plongeon dans l’œil de la tempête pour un grand bain de prises de tête.

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