MÉDIA ENGAGÉ SUR LES ONDES
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Mais oui mais oui, l’école est finie

Par Jonas

Chaque mois, Jonas poursuit sa réflexion sur le monde du travail et ses implacables dérives dans sa chronique « Tout travail mérite sa laisse ». Parmi les questions que notre époque soulève, celle de la grande démission : s’autoriser à déserter, bifurquer, trouver du sens ailleurs alors que le système s’emballe dans le tourbillon du « plus plus plus ». C’est tout l’objet de la chronique du jour…

Photo de lucas Favre sur Unsplash

Donne-moi ta main et prends la mienne

La cloche a sonné, ça signifie

La rue est à nous que la joie vienne

Mais oui mais oui l’école est finie

Nous irons danser ce soir peut-être

Ou bien chahuter tous entre amis

Rien que d’y penser j’en perds la tête

Sheila, « L’école est finie »

Alors que les examens de fin d’année battent leur plein partout en France et alors que Motus se prépare à partir en vacances (oups, non non non, alors que Motus travaille à préparer activement la rentrée suivante!), j’aimerai mettre en lumière un phénomène d’envergure lié au monde du travail : la grande démission!
Depuis le banc des écoles, comme depuis le monde professionnel, arrivent de plus en plus de témoignages de personnes ne souhaitant plus chercher un emploi uniquement pour le salaire qui lui est associé. Ce ne sont pas moins de 57% des étudiants qui seraient aujourd’hui prêts à accepter un travail mal rémunéré s’ils estiment qu’il a du sens. 

Ce mouvement multiforme et loin d’être homogène est apparu à la suite du Covid et ne semble pas diminuer. C’est même une véritable crise du travail que craignent les plus virulents adeptes du modèle productiviste en place. 

De nombreuses voix s’élèvent maintenant de toutes parts pour montrer qu’un autre modèle est possible et affirment, comme le professeur Pedro Correa, dans son discours à la remise de diplômes d’une école d’ingénieurs, que “le monde n’a plus besoin de battants, de gens qui réussissent, il a besoin de rêveurs, de personnes capables de reconstruire et de prendre soin… et surtout, surtout, on a tous besoin aujourd’hui, plus que jamais, de gens heureux.”

Ce discours, prononcé dans un auditoire que j’ai fréquenté il y a quelques années, a eu un écho particulièrement savoureux chez moi. A cette époque, ma transition professionnelle était en bonne voie : salarié à temps partiel depuis quelques mois et en distanciel depuis peu, c’est le confinement qui a validé ma rupture, temporaire peut-être, avec le salariat. Je suis donc passé par la case Pôle Emploi et, comme pour faire mentir les détracteurs des chômeurs, je n’ai jamais été aussi occupé que depuis cette démission d’été 2020. 

Des missions


Je lis beaucoup que les jeunes ne respectent plus le travail, ne veulent plus faire d’effort et même que nous abandonnons le combat (écologique, social, politique) en quittant notre emploi. Mais il n’y a aucune fuite dans nos départs, aucune honte dans notre abandon. On quitte un monde en crise pour en construire un nouveau. Alors que nos précédents jobs attaquaient nos valeurs, notre dignité et même parfois notre intégrité physique et l’ensemble du vivant sur Terre, notre démission riposte et attaque les fondements même du capitalisme et son appel au toujours plus.

Plus loin que cette idéologie de la démission, il y a l’envie de proposer autre chose, de reprendre nos savoirs traditionnels, faire pousser des légumes, soigner, apprendre. Tout ce qu’on a délégué (aux paysans, aux étrangers, aux machines) ou carrément abandonné. 

Dans son Éloge du carburateur, Matthew Crawford nous livre une réflexion pleine de sens(ibilité) sur l’image qu’on a du travail manuel. N’avez-vous pas vous aussi entendu ce discours du “si tu ne travailles pas bien à l’école, tu finiras plombier/maçon/mécanicien?”. Avec quelle virulence ces emplois fonctionnels sont-ils dénigrés et combien l’intelligence nécessaire à réparer les outils, à faire fonctionner les industries, à comprendre le vivant, est-elle bafouée et ignorée.
Chaque jour, une vingtaine de fermes disparaissent en France et on croule d’ingénieurs surdiplômés qui traînent leur spleen dans des bureaux aseptisés. 

Il est plus que temps de déconstruire le mythe de la carrière, d’aller à la marge voir ce qui se trame et le faire advenir de plus en plus fort. Ce chemin est long, laborieux et il est nécessaire d’être plusieurs pour y arriver. Pour reprendre le manifeste des Désert’heureuses, il faut “rendre cette désertion collective et politique. La rendre désirable et plus accessible, en donnant de quoi se projeter dans le “monde du dehors”. Explorer les possibles, sortir des impasses que nous offrent les entreprises et les industries, inventer d’autres manières d’agir, d’exister et de nous épanouir.”

Alors, que vous soyez à l’orée d’une grande carrière, en pleine révision du Bac ou à l’approche de la retraite, il y a toujours moyen de bifurquer, de faire un pas de côté et de repenser notre vie, nos vies, collectivement. Sans aveuglement béat ni angoisse suffocante, juste à notre hauteur. Il est l’heure de retrousser nos manches et de se mettre à l’ouvrage pour être fier·es et heureux·ses de notre plus grand travail : notre existence. 

3 Inspirations :

https://reporterre.net/Comment-la-desertion-gagne-la-France

La chronique du mois dernier : libérer le travail

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