Par Jonas
Comme chaque année depuis 25 ans, le mois de mars voit se dérouler le Printemps des Poètes, un événement qui met à l’honneur la poésie sous toutes ses formes. Cette année, une polémique a pris de l’ampleur suite à la publication d’une tribune signée par plusieurs centaines de poètes et poétesses condamnant le choix de Sylvain Tesson comme parrain de l’édition. Face à cette tribune, de nombreuses personnalités sont montées au créneau pour défendre l’écrivain, allant jusqu’à humilier les signataires de la tribune. Et alors que le Printemps des Poètes bat son plein, Jonas a voulu écrire, en alexandrins, un poème pour offrir un autre regard sur cette actualité.
En mars, c’est le renouveau, le retour à la vie
On fête le printemps et puis… la poésie
C’est devenu récurrent, événement national
On se gausse, on s’éprend, d’une pause verbale
En rimes ou bien en prose, c’est le Printemps des Poètes
Je ne connaissais pas la chose et je me suis senti bête
En apprenant que Tesson en était le parrain
Lui le grand aventurier, l’arpenteur des chemins
Bon, Sylvain en modèle, c’est un peu réducteur
Et sans vouloir faire d’zèle, des autrices, des auteurs
Se disaient que la poésie n’a pas besoin d’un type
Au courage exemplaire mais aux propos limites
Quand il s’agit de vanter la gloire de la patrie
Le mythe du bon français qui sent un peu le pourri
Mais passons les raisons car peut-être on a tort
Et qui sait si Tesson n’est pas un mec en or
Ce qui est incroyable c’est l’échafaud dressé
Pour cette bande d’incapables qui ont osé parlé
Mettre en doute une idôle, défendre le pluralisme
Cette fois, c’est pas de bol, car on dit l’homme artiste
Que Sylvain par ses mots, fait rayonner la France
Qu’il faut bien être idiot pour ne pas faire allégeance
La tribune mise à sac a-t-elle bien été lue?
Moi j’aime la poésie quand elle chante de la rue
Quand elle nous illumine, quand elle ouvre la voix
Pas quand elle carabine ou nous dicte sa loi
Qui s’accorde le droit d’ériger des icônes
Devrait laisser le choix que d’autres les détrônent
Mais cette cacophonie est signe de l’époque
On s’exclame on s’écrie sans jamais d’équivoque
Je prie pour que l’on s’offre une pause, un répit
Que chacun, que chacune sans rage ni stratégie
Puisse écouter et lire des avis opposés
S’exprimer et se défendre sans jamais s’imposer
Je me rends pourtant compte que l’on n’est jamais neutre
Et que ces alexandrins me servent de thérapeute
Alors pourquoi écrire me direz-vous sans doute
Quand à chaque parole, on se perd un peu en route
Peut-être pour essayer dans les vagues et les flots
De garder des repères qui nous tiennent hors de l’eau
Se dire que peut-être rien n’est tout noir ou tout blanc
Mais que remettre en cause, sans cesse se questionnant
Sur nos normes, nos principes, nos convictions profondes
C’est le début d’une piste, la voie d’un nouveau monde
Et si c’est laborieux, l’ouvrage de toute une vie
C’est peut-être bien là le rôle de la poésie.
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