
đ « Il faut remercier les porteurs dâennui. Les lents que la vitesse fracasse, les taiseux que le brouhaha Ă©crase. Il faut leur dire de ne pas se conformer. De nous tenir ouvertes les portes du nouveau chemin. Nous laisser encore, la possibilitĂ© de se faufiler. »
đ€ł Ces jours-ci, on a dĂ©crĂ©tĂ©, paraĂźt-il, qu’ils seraient des « journĂ©es internationales sans smartphone ». Il suffit de regarder autour de nous, et l’on sait que c’est peine perdue. Les petites bĂȘtes sont partout, comme des extensions de nous-mĂȘmes. Tous et toutes prompt·es Ă la critique, et Ă la fois englué·es dans un systĂšme digital qui ne nous laisse pas beaucoup de choix.
đ€ Mais au fait, pourquoi ce serait embĂȘtant ?
Parce que le smartphone, c’est pas Ă©colo. Ok.
Mais le problĂšme est plus profond. Tous ces pixels nous ont apportĂ© beaucoup de choses. Et nous en ont retirĂ© une essentielle : lâennui.
Et qui lâeut cru, lâennui, c’est important. Câest en sâennuyant que lâesprit vagabonde, quâil sâaventure dans des chemins de traverse, quâil ordonne les idĂ©es reçues et en trouve de nouvelles. Câest dans les creux de nos journĂ©es bossues que se niche le nouveau monde Ă imaginer.
đ Alors on vous repartage Ă lâoccasion, notre billet Page Blanche, par Charlotte Giorgi, qui traite de cet ennui disparu.
Et pour aller plus loin, on vous recommande aussi le petit essai La Civilisation du Poisson Rouge, de Bruno Patino.
« Le poisson rouge tourne dans son bocal. Il semble redĂ©couvrir le monde Ă chaque tour. Les ingĂ©nieurs de Google ont rĂ©ussi Ă calculer la durĂ©e maximale de son attention : 8 secondes. Ces mĂȘmes ingĂ©nieurs ont Ă©valuĂ© la durĂ©e dâattention de la gĂ©nĂ©ration des millenials, celle qui a grandi avec les Ă©crans connectĂ©s : 9 secondes. Nous sommes devenus des poissons rouges, enfermĂ©s dans le bocal de nos Ă©crans, soumis au manĂšge de nos alertes et de nos messages instantanĂ©s. »